Le ministre tunisien de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a accusé vendredi un salafiste d'implication dans l'assassinat la veille du député de l'opposition Mohamed Brahmi et dans celui de l'opposant Chokri Belaïd il y a près de six mois.
"Les premiers éléments de l'enquête ont montré l'implication de Boubaker Hakim, un élément salafiste extrémiste", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
M. Ben Jeddou a ajouté que l'homme était également impliqué dans l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, tué aussi par balles le 6 février 2013.
"L'arme utilisée pour abattre Mohamed Brahmi est la même qui a servi à tuer Chokri Belaïd", a encore dit le ministre.
L’assassin s’appelle Boubaker El Hakim
Il a confirmé qu’il y avait eu un appel téléphonique passé par un voisin du défunt à la Protection civile informant les autorités du meurtre survenu à 12h12. L’autopsie a démontré que la mort était due à une hémorragie interne provoquée par 14 balles, le décès a été constaté à 12h32.
Les unités des forces de l’ordre se sont déplacées tout de suite pour procéder à l’enquête sur les lieux. Celle-ci a montré que le meurtre a été perpétré par deux personnes montant sur une moto de type « Vespa » de couleur noire et ont tué le défunt alors qu’il montait en voiture. L’enquête a également montré que ces deux personnes avaient surveillé le domicile de Mohamed Brahmi plusieurs jours avant le meurtre. Il a été également découvert que l’arme qui a tué Mohamed Brahmi était la même qui avait servi au meurtre de Chokri Belaïd, la même pièce et non uniquement une arme du même type.
L’enquête a également montré que, Boubaker El Hakim, salafiste fondamentaliste, était impliqué dans cette affaire. Cette personne, qui est également impliquée dans le meurtre de Chokri Belaïd, était en état de fuite ainsi que d’autres suspects. Le ministre de l’Intérieur en conclut donc qu’il existe des liens et des connivences entre les assassins de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Le ministre a affirmé que les assassinats politiques sont, généralement, perpétrés dans le secret le plus absolu et constituent des crimes difficiles à élucider. Il a noté que dans le cas tunisien, le meurtre de Chokri Belaïd était résolu. Il a également déclaré que le délai de 5 mois pour achever cette enquête était logique tout en affirmant que le ministère concentrait tous ses efforts sur la résolution de ces meurtres.
Lotfi Ben Jeddou a demandé, par ailleurs, aux Tunisiens de manifester pacifiquement en rappelant qu’il existait des tentatives d’incendie de postes de police.
Par la suite, le directeur général de la sûreté a pris la parole. Après présentation de ses condoléances à la famille du défunt Mohamed Brahmi, il a déclaré que la police technique et scientifique s’est déplacée de suite sur le lieu du crime et est parvenue à relever des éléments de preuve. Il a confirmé les dires du ministre en précisant que la même arme a servi, à la fois, au meurtre de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi.
L’expert scientifique est intervenu pour montrer, photos à l’appui, que les douilles relevées provenaient de la même arme avant de confirmer que c’était la même pièce qui a servi au meurtre de Chokri Belaïd. Il a expliqué que les traces laissées sur les douilles montrent de manière indiscutable et sûre les résultats de l’enquête.
Le directeur général de la sûreté a donné également la liste des suspects en fuite, en s’attardant sur le dernier suspect, Boubaker El Hakim. Au cours d’une perquisition effectuée dans la maison de sa tante à la cité El Ghazela, une arme à feu, des grenades, un couteau et des munitions ont été saisis. Ce dernier suspect est directement impliqué dans le décès de Mohamed Brahmi accompagné d’un certain Lotfi Ezzine.
Mohamed Ali Aroui a pris la parole pour préciser que cette personne était impliquée dans l’importation d’armes en Tunisie et est directement reliée à Kamel Gadhgadhi, meurtrier présumé de Chokri Belaïd. Il a affirmé qu’il existait un complot pour faire entrer des armes en Tunisie et pour installer des camps d’entraînement pour terroristes.
Répondant aux questions, le ministre de l’Intérieur a précisé qu’il était impossible de procurer une protection personnelle à tous. Il a ajouté que Mohamed Brahmi n’avait pas demandé à être protégé. Le ministre a ajouté que l’enquête n’a révélé l’implication d’aucune partie politique dans ces affaires tout en précisant que certains suspects ont fait partie d’Ansar Chariâa.
Le ministre a affirmé que des personnes relâchées dans le cadre de l’amnistie générale ainsi que des personnes revenues de certains pays auraient œuvré pour importer des armes et faire rentrer la Tunisie dans un climat d’instabilité constante. Il a ajouté que les efforts fournis par les forces de l’ordre ont permis de contrecarrer ces plans, il a précisé que c’était une lecture personnelle de sa part.
Tunisie - Qui est Boubaker El Hakim ?
Boubaker El Hakim a été désigné, ce vendredi 26 juillet 2013, par le ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou, comme étant le meurtrier de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Voici son CV, selon les médias français.
Boubaker El Hakim, est un franco-tunisien, né à Paris le 1er août 1983. Il a grandi dans une banlieue de Paris, dans une famille défavorisée. Il est parti étudier l’islam en Syrie fin 2000 pour mieux connaître sa religion.
En novembre 2002, il revient en France, barbu et vêtu d'une longue tunique. Un an plus tard, il est repéré par les Renseignements généraux parmi quelques 300 radicaux semant le désordre en marge des manifestations contre la guerre en Irak. Il retourne ensuite en Syrie et passe en Irak, officiellement pour des raisons humanitaires.
Son frère Redhouane El Hakim est tué en Irak dans la nuit du 17 au 18 juillet 2004 à Falloujah.
En deux ans, ce candidat au jihad irakien est passé des marchés franciliens aux geôles des services de renseignement syriens, avant d'échouer dans les cellules de garde à vue de la Direction de la surveillance du territoire (DST).
En effet, Boubaker El Hakim est arrêté sans passeport à la frontière. Il passera un an dans les geôles de Damas avant d'être expulsé vers Paris. Il a été arrêté en France le 5 juin 2005, et a été inculpé devant un tribunal de Paris pour recrutement de combattants pour l'Irak. Le 14 mai 2008, il a été reconnu coupable et condamné à sept ans ferme de prison, assortie d'une période de sûreté des deux tiers.
On note aussi que Boubaker El Hakim fait partie des terroristes retranchés à Jebel Châambi qui sont recherchés par le gouvernement tunisien et dont les photos ont été publiées par le ministère de l’Intérieur, en mai dernier. Il est présenté comme «un élément très dangereux et impliqué dans le trafic d'armes».
D’autres personnes sont, également, recherchées, notamment Slimen Marrakchi, Marouen Belhaj Salah, Ezzeddine Abdellaoui, Ali Harzi, Ahmed Rouissi, Kamel Gadhgadhi et Lotfi Ezzine.
http://www.businessnews.com.tn/tunisie-qui-est-boubaker-el-hakim,520,39656,3
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La rédaction