Né le 2 mars 1937 à Oujda, au Maroc, Abdelaziz Bouteflika rejoint l’Armée de libération nationale (ALN) après avoir achevé ses études, en 1956, en pleine guerre d’Algérie. Engagé, il rejoint les frontières du Maroc.
Puis il s’engage en politique, et entre au gouvernement d’Ahmed Ben Bella en septembre 1962. Il est nommé au ministère de la Jeunesse et du tourisme...
Elu à la tête de l'Etat en 1999 et réélu en avril 2004, Abdelaziz Bouteflika a remporté son pari, selon les chiffres annoncés vendredi par le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, d'asseoir son troisième mandat sur des résultats sans appel.
Il s'est employé dès son premier mandat à rétablir la paix dans le pays, ravagé par des violences islamistes qui ont fait dans les années 90 plus de 150.000 morts.
Un référendum en 1999 sur la "Concorde civile" a entraîné la reddition de milliers d'islamistes, puis un second a permis en 2005 l'adoption d'une "Charte pour la paix et la réconciliation" offrant le "pardon" aux islamistes encore dans le maquis en échange de leur reddition.
Il a évoqué durant sa campagne électorale un référendum pour une "éventuelle amnistie" en faveur des islamistes armés qui s'engageraient à déposer définitivement les armes, mais a promis une lutte sans merci contre les irréductibles, notamment les membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, encore actifs dans certaines régions du pays.
Soutiens multiples
Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc) dans une famille originaire de Tlemcen (ouest), Abdelaziz Bouteflika a rejoint en 1956 l'Armée de libération nationale (ALN) qui combattait la présence française en Algérie.
Après l'indépendance en 1962, il devient ministre de la Jeunesse et des Sports sous la présidence d'Ahmed Ben Bella (1963-1965) puis dirige de 1963 à 1979 la diplomatie algérienne avec un talent reconnu, même par ses adversaires, au moment où l'Algérie est considérée comme "la Mecque des révolutionnaires"
Ecarté du pouvoir après la mort du président Houari Boumediène - dont il était proche -, en décembre 1978, il quitte toute fonction politique en juillet 1981 et entame sa traversée du désert, déclinant en janvier 1994 la présidence de l'Etat alors attribuée au général Liamine Zéroual.
Mais il est candidat en avril 1999, soutenu par l'armée et le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique), et se retrouve seul en lice, après le retrait la veille du scrutin de ses six adversaires, qui soupçonnent des velléités de fraude.
Santé défaillante
Opéré fin 2005 à Paris "d'un ulcère hémorragique au niveau de l'estomac" selon les autorités algériennes, Abdelaziz Bouteflika annonçait un an plus tard "qu'il avait été très, très malade" mais qu'il s'en était "sorti de manière absolument fabuleuse". "Il faut cesser de parler de ma santé", avait-il prévenu.
Il a mené tambour battant et durant près de trois semaines une campagne électorale qui l'a mené dans plus de trente wilayates (départements).
Tribun hors pair, il manie aussi bien l'arabe littéraire que le français et apprécie les bains de foule.
Abdelaziz Bouteflika est généralement vêtu de costumes trois pièces à la coupe classique et d'une cravate qu'il ne quitte jamais, même en pleine canicule.
«Boutef», comme l'appellent ses compatriotes, a été réélu en 2009 grâce à un amendement de la Constitution qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels. L’opposition, qui a toujours crié à la fraude électorale, avait alors contesté le taux de participation officiel (74,54%), selon elle beaucoup plus faible.
Peser sur le choix de son successeur
«S’il décide de rester jusqu’à la fin de son mandat, M. Bouteflika voudrait peser sur le choix de son successeur. Mais je ne pense pas que les responsables algériens soient prêts à tenir des élections présidentielles dans une totale transparence. Les choses ne sont pas encore claires», affirme pour sa part le politologue et ancien officier de l’armée, Ahmed Adimi.
Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, l’institution militaire a toujours choisi le chef de l'Etat : Ahmed Ben Balla (1962-1965), Houari Boumediène (1965-1978), Chadli Bendjedid (1978-1992), Mohamed Boudiaf, ramené de son exil marocain pour être assassiné six mois plus tard en juin 1992, Liamine Zeroual (1994-1999) puis Abdelaziz Bouteflika.
Comme ses prédécesseurs, M. Bouteflika est issu de la génération de la guerre d’indépendance contre la France (1954-1962). Mais dans l’Algérie d’aujourd’hui, où plus de 70% des 36 millions d’habitants ont moins de 30 ans, peu se souviennent de cette page de l'Histoire.
Nouvelle génération de dirigeants
«Nous devons passer le flambeau à une nouvelle génération de dirigeants, l’époque de la légitimité révolutionnaire est révolue», affirme Hichem Aboud, essayiste et rédacteur en chef de Mon Journal. Dans un système politique opaque où le président cohabite avec une puissante élite liée aux forces de sécurité, les «décideurs» ne verraient pas forcément d’un mauvais œil l’ascension de personnalités plus jeunes, selon lui.
Mais tout changement de direction brutal paraît exclu dans un pays traumatisé par l’insurrection islamiste et la guerre civile des années1990 qui a fait 200.000 morts. «La majorité des Algériens souhaitent une transition en douceur et dans la transparence», reconnaît Geoff Porter, directeur du cabinet North Africa Risk Consulting.
«Ils veulent sans nul doute un candidat qui a de la vitalité et de l’énergie pour s’attaquer aux difficiles problèmes de l’Algérie (…) mais ils veulent aussi quelqu’un qui réforme le système politique de manière progressive, plutôt qu’en le bouleversant entièrement », explique-t-il.
La population est consciente, selon M. Porter, que seul un homme issu du sérail, disposant d’un capital politique et des alliances et réseaux nécessaires, pourra apporter le changement au sein du système.
Un seul candidat déclaré
Pour l'instant, l'ancien Premier ministre Ahmed Benbitour, 67 ans, est le seul candidat déclaré à la présidentielle. D'autres pourraient se dévoiler à condition qu'Abdelaziz Bouteflika affiche clairement ses intentions.
Parmi les candidats potentiels figurent l'actuel Premier ministre Abdelmalek Sellal, un technocrate de 65 ans considéré comme un homme de consensus, et un autre ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, 70 ans, un réformiste dont les parents ont été tués pendant la guerre d'indépendance. Il pourrait obtenir le soutien de Hocine Aït Ahmed, icône de la révolution.
Dominée depuis l'indépendance par le Front de libération nationale (FLN), l'Algérie compte aujourd'hui une centaine de petites formations politiques dont le faible poids des dirigeants ne leur donne aucune chance d'être présents à l'élection.
Si le chef de l'Etat est dans l'incapacité de terminer son mandat, la Constitution prévoit que le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, le remplace jusqu'à la tenue d'élections dans un délai de soixante jours.
Dans un discours prononcé le 8 mai 2012, à Sétif, M. Bouteflika avait laissé entendre, qu'il passerait le flambeau. «Ma génération est finie, avait-il dit. Chacun doit savoir se respecter. Cinquante ans après, le rôle des moudjahidines [anciens combattants, NDLR] est terminé. Ceux qui ont libéré le pays vous disent : aujourd'hui, nous n'en pouvons plus.»
Considéré comme le principal artisan de la réconciliation nationale après dix ans de guerre civile en Algérie, le président algérien avait dû affronter une contestation populaire menaçant le pouvoir, comme les émeutes en 2011contre la vie chère.
Une nouvelle Constitution
Le 15 avril 2011, au moment des révoltes du «Printemps arabe», le chef de l'Etat sortait d'un long mutisme pour annoncer son intention d'introduire de profondes réformes politiques à travers l'élaboration d'une nouvelle Constitution.
Les enjeux politiques de cette nouvelle Constitution tournent essentiellement autour de la nature du régime : présidentiel, comme le souhaite le courant nationaliste, ou parlementaire, comme le réclament les islamistes et une partie de l'opposition. Une solution intermédiaire pourrait toutefois être retenue : un régime semi-parlementaire où l'exécutif serait bicéphale, avec un Premier ministre aux pouvoirs élargis mais susceptible d'être destitué par le Parlement.
L'intauration du poste de vice-président est également envisagée. Celui-ci serait élu en même temps que le chef de l'État avec lequel il constituerait, comme aux États-Unis, un «ticket» électoral. Si cette hyptothèse était retenue, elle pourrait donner une indication sur les intentions présidentielles de M. Bouteflika. Reste à savoir quand et si la nouvelle Constitution sera votée.
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La rédaction