Article publié le 3 janvier 2013. Le Dr. César Chelala est correspondant à l’étranger pour le Middle East Times International (Australie) Des statistiques publiées par l'armée israélienne révèlent que 237 soldats se sont suicidés ces dix dernières années. Ce nombre représente une moyenne de 24 soldats qui décident chaque année de se supprimer, soit quasiment un tous les quinze jours. L'armée a été amenée à diffuser ces statistiques suite à des informations sur les suicides dans l’armée publiées anonymement par un blogger, sous le nom de "Eishton", association des mots hébreux pour "homme" et "journal". Après qu’il ait diffusé des informations concernant les suicides dans les rangs de l’armée, Eishton a été interrogé par la police et l'armée israéliennes
C'est la différence significative entre les statistiques officielles de personnes décédées publiées par l'armée et le nombre de pages "d’hommages posthumes" sur le site internet officiel de commémoration "Yizkor" qui a mis la puce à l'oreile du blogger, et il en a tiré la conclusion que le nombre de suicides était beaucoup plus important que celui que présentaient les statistiques officielles.
Une raison à cet écart peut être la façon dont sont catégorisés ces décès. Il est notoire que les familles des soldats décédés ne veulent pas les voir figurer dans la catégorie "suicide". D’après des sources militaires, cela pourrait être la raison pour laquelle l’armée israélienne refuse de publier les chiffres exacts, ainsi que les circonstances de la mort de chacun d’eux.
Un psychiatre cité dans un article publié par Ha'aretz (1) déclare qu’il y a une différence significative de profil entre un militaire qui se donne la mort et d’autres victimes de suicide. Selon lui, tandis que la plupart des suicides constatés parmi la population civile touche des personnes souffrant de dépression chronique, la majorité des soldats qui se suicident sont des personnes en bonne santé physique et mentale, mais qui traversent une crise personnelle aigüe.
Eishton indique que le taux de suicides parmi les soldats est plus élevé que le taux constaté parmi les citoyens en âge de faire l’armée, exemptés de leurs obligations militaires. Il demande instamment à l’armée de publier le nom de chaque soldat décédé assorti de la cause réelle de sa mort et écrit : « Les suicides ne sont pas le seul problème, c’est aussi le fait qu’ils [l’armée] veulent nous faire croire que tous les soldats qui sont tombés, sont morts au service de leur Patrie. »
Quelles sont les raisons du suicide de ces soldats ? Une explication peut être le fait qu’ils sont obligés de perpétrer des actions qui vont à l’encontre de leur valeurs morales et de leurs principes. "Breaking the Silence " [Briser le Silence], une organisation créée en 2004, a publié en 2009 un recueil de témoignages contradictoires sur l’Opération Plomb Durci, l’invasion de la Bande Gaza qui duré trois semaines. Suite à ce livre, le Ministre des Affaires Etrangères israélien a contacté l’Espagne, les Pays-Bas et d’autres gouvernements étrangers pour qu'ils cessent de financer l’organisation. Elle publie désormais un livre de témoignages de soldats, dont le titre est "Notre logique cruelle : Témoignages de soldats israéliens dans les Territoires Occupés – 2000-2010", qui contient 145 interviews recueillis par l’ONG israélienne.
Ces témoignages apportent des indices sur ce que ressentent les soldats par rapport à l’occupation et aux tactiques utilisées pour réprimer les actes d’opposition des Palestiniens contre cette même occupation. Un témoignage, apporté par un Sergent d’état-major appartenant à la Brigade Nahal basée à Hébron, raconte comment ils se sont comportés avec deux écoliers ayant lancé des pétards sur le chemin de retour de l’école vers leur maison. Lorsqu’on lui demande s’il avait vu les enfants lancer ces pétards et l’âge qu’ils pouvaient avoir, il répond : « Non, non, non. Nous ne les avions rien vu lancer. On les avait juste vus passer. Peut-être qu’ils courraient. Je ne me souviens pas bien, mais je me rappelle parfaitement que nous les avons arrêtés pour les fouiller. L’un d’eux était vraiment petit… peut-être quatre ou cinq ans. Un enfant vraiment très jeune, avec son frère… Peut-être même encore à la crèche ou en première année de maternelle… Et vous lui faîtes une fouille corporelle. A lui, et à son frère qui est à peine plus âgé. »
« Evidemment, vous ne pointez pas votre arme sur lui pour ne pas l’effrayer, mais c’est un des sujets difficiles pour moi, une autre confrontation à la réalité d’Hébron. Vous vous retrouvez soudain à fouiller au corps un tout petit enfant. Incroyable. J’ai fait la fouille, et j’étais en état de choc. Je me sentais si, comment vous dire, je me sentais si immoral à cet instant, je me sentais inhumain. Alors d’accord, l’arme n’est pas pointée sur lui, vous n’êtes pas en train de le menacer, et vous ne lui hurlez pas dessus. Vous êtes juste en train de le fouiller au corps… Est-ce un acte auquel j’aurais pu me substituer ? Je ne sais pas. Et ça fait mal. Comme je l’ai dit plus tôt, j’ai reçu une éducation. J’ai travaillé avec des jeunes, des enfants. Je me suis retrouvé auprès de petits élèves de première année dans le cadre de ma préparation au service militaire. Et tout à coup, vous vous imaginez en train de faire subir cela à un enfant qui était dans votre classe, un enfant dont vous étiez le tuteur en arithmétique. Un enfant qui est aussi petit, qui a exactement le même âge, la même taille, et vous êtes en train de le fouiller au corps. Ce n’est pas humain. »
(1) IDF: Suicide is the primary cause of death among Israëli soldiers, Ha'aretz, 31.12.2012
Note de la rédaction d'ISM-France
Non seulement, année après année, le suicide demeure la première cause de mortalité parmi les rangs de l'armée israélienne ; mais cet article éclaire aussi cet aspect de la propagande de l'armée israélienne qui falsifie les données qu'elle publie, et qui présente comme "tombés pour le pays" [càd tués par les terroristes palestiniens] des jeunes gens qu'elle a de fait contribué elle-même à assassiner.
Une variante de la fouille au corps, la fouille du cartable, ici à Al-Khalil/Hébron (photo CR)
Source : Common Dreams
Traduction : CR pour ISM
Une raison à cet écart peut être la façon dont sont catégorisés ces décès. Il est notoire que les familles des soldats décédés ne veulent pas les voir figurer dans la catégorie "suicide". D’après des sources militaires, cela pourrait être la raison pour laquelle l’armée israélienne refuse de publier les chiffres exacts, ainsi que les circonstances de la mort de chacun d’eux.
Un psychiatre cité dans un article publié par Ha'aretz (1) déclare qu’il y a une différence significative de profil entre un militaire qui se donne la mort et d’autres victimes de suicide. Selon lui, tandis que la plupart des suicides constatés parmi la population civile touche des personnes souffrant de dépression chronique, la majorité des soldats qui se suicident sont des personnes en bonne santé physique et mentale, mais qui traversent une crise personnelle aigüe.
Eishton indique que le taux de suicides parmi les soldats est plus élevé que le taux constaté parmi les citoyens en âge de faire l’armée, exemptés de leurs obligations militaires. Il demande instamment à l’armée de publier le nom de chaque soldat décédé assorti de la cause réelle de sa mort et écrit : « Les suicides ne sont pas le seul problème, c’est aussi le fait qu’ils [l’armée] veulent nous faire croire que tous les soldats qui sont tombés, sont morts au service de leur Patrie. »
Quelles sont les raisons du suicide de ces soldats ? Une explication peut être le fait qu’ils sont obligés de perpétrer des actions qui vont à l’encontre de leur valeurs morales et de leurs principes. "Breaking the Silence " [Briser le Silence], une organisation créée en 2004, a publié en 2009 un recueil de témoignages contradictoires sur l’Opération Plomb Durci, l’invasion de la Bande Gaza qui duré trois semaines. Suite à ce livre, le Ministre des Affaires Etrangères israélien a contacté l’Espagne, les Pays-Bas et d’autres gouvernements étrangers pour qu'ils cessent de financer l’organisation. Elle publie désormais un livre de témoignages de soldats, dont le titre est "Notre logique cruelle : Témoignages de soldats israéliens dans les Territoires Occupés – 2000-2010", qui contient 145 interviews recueillis par l’ONG israélienne.
Ces témoignages apportent des indices sur ce que ressentent les soldats par rapport à l’occupation et aux tactiques utilisées pour réprimer les actes d’opposition des Palestiniens contre cette même occupation. Un témoignage, apporté par un Sergent d’état-major appartenant à la Brigade Nahal basée à Hébron, raconte comment ils se sont comportés avec deux écoliers ayant lancé des pétards sur le chemin de retour de l’école vers leur maison. Lorsqu’on lui demande s’il avait vu les enfants lancer ces pétards et l’âge qu’ils pouvaient avoir, il répond : « Non, non, non. Nous ne les avions rien vu lancer. On les avait juste vus passer. Peut-être qu’ils courraient. Je ne me souviens pas bien, mais je me rappelle parfaitement que nous les avons arrêtés pour les fouiller. L’un d’eux était vraiment petit… peut-être quatre ou cinq ans. Un enfant vraiment très jeune, avec son frère… Peut-être même encore à la crèche ou en première année de maternelle… Et vous lui faîtes une fouille corporelle. A lui, et à son frère qui est à peine plus âgé. »
« Evidemment, vous ne pointez pas votre arme sur lui pour ne pas l’effrayer, mais c’est un des sujets difficiles pour moi, une autre confrontation à la réalité d’Hébron. Vous vous retrouvez soudain à fouiller au corps un tout petit enfant. Incroyable. J’ai fait la fouille, et j’étais en état de choc. Je me sentais si, comment vous dire, je me sentais si immoral à cet instant, je me sentais inhumain. Alors d’accord, l’arme n’est pas pointée sur lui, vous n’êtes pas en train de le menacer, et vous ne lui hurlez pas dessus. Vous êtes juste en train de le fouiller au corps… Est-ce un acte auquel j’aurais pu me substituer ? Je ne sais pas. Et ça fait mal. Comme je l’ai dit plus tôt, j’ai reçu une éducation. J’ai travaillé avec des jeunes, des enfants. Je me suis retrouvé auprès de petits élèves de première année dans le cadre de ma préparation au service militaire. Et tout à coup, vous vous imaginez en train de faire subir cela à un enfant qui était dans votre classe, un enfant dont vous étiez le tuteur en arithmétique. Un enfant qui est aussi petit, qui a exactement le même âge, la même taille, et vous êtes en train de le fouiller au corps. Ce n’est pas humain. »
(1) IDF: Suicide is the primary cause of death among Israëli soldiers, Ha'aretz, 31.12.2012
Note de la rédaction d'ISM-France
Non seulement, année après année, le suicide demeure la première cause de mortalité parmi les rangs de l'armée israélienne ; mais cet article éclaire aussi cet aspect de la propagande de l'armée israélienne qui falsifie les données qu'elle publie, et qui présente comme "tombés pour le pays" [càd tués par les terroristes palestiniens] des jeunes gens qu'elle a de fait contribué elle-même à assassiner.
Une variante de la fouille au corps, la fouille du cartable, ici à Al-Khalil/Hébron (photo CR)
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