Mitt Romney n’était pas mon candidat préféré au cours des primaires républicaines. Je pense aujourd’hui, et c’est ce que je craignais alors, que sa campagne manque de dynamisme.
Je pense que si sa campagne était plus dynamique et incisive, il aurait l’avantage, ce qui ne semble pas être le cas. Je crains qu’il soit sur une trajectoire qui le conduira à la défaite, et je crains, je l’ai dit, que cette trajectoire ressemble à celle suivie par John McCain il y a quatre ans.
En ce cas, ce ne sera pas Obama qui aura gagné, ce sera Mitt Romney qui aura perdu. Et il aura perdu l’élection qu’il ne fallait pas perdre. Les conséquences pour l’Amérique et le monde seront alors dramatiques.
Cela dit, nous n’en sommes pas là. Il reste six semaines de campagne. C’est un temps amplement suffisant pour inverser la tendance.
Ce ne sera pas facile, parce que la campagne négative et souvent ordurière du camp Obama contre Mitt Romney a marqué les esprits. Mitt Romney est un homme imprégné d’éthique et de toutes les valeurs fondamentales qui ont fait des Etats-Unis ce qu’ils sont, et il continue à être vu par un trop grand nombre de gens comme un ploutocrate insensible. Dès lors qu’en face de lui, il y a un gauchiste au passé islamique, adepte du mensonge et de la manipulation, c’est un comble.
Ce ne sera pas facile parce qu’Obama dispose de tous les avantages découlant du fait de disposer du pouvoir exécutif, et de celui d’avoir la latitude de s’appuyer sur des milliers de militants bénévoles venus de toutes les organisations de gauche et d’extrême gauche avec lesquelles il a travaillé pendant des années. Le pouvoir exécutif permet de prendre des décisions et d’éventuellement organiser des coups de théâtre. Les milliers de militants téléphonent à tous les électeurs, font du porte à porte, se proposent de transporter les électeurs vers le bureau de vote et proposent même parfois de l’argent, une « aide ».
Ce ne sera pas facile surtout parce qu’Obama dispose d’une meute enragée qui fait corps autour de lui. Cette meute est constituée des journalistes des grands médias américains, qui ne méritent plus le nom de journalistes et qui, s’ils avaient un sens minimal de l’honneur, démissionneraient immédiatement. Mais ils n’ont bien sûr, aucun sens de l’honneur, et aucun souvenir de ce que peut être la déontologie d’un métier qu’ils souillent toujours davantage, jour après jour.
Depuis des mois, la meute ne cesse de passer de diversion en diversion, de diffusion de fausses nouvelles concernant Romney à des fabrications de faux scandales.
En juin, le Washington Post a publié en première page, comme s’il s’agissait d’une information majeure, un article rapportant que Mit Romney aurait tiré les cheveux d’un camarade de classe quand il avait quinze ans. Tous les autres titres de la grande presse ont repris l’information. Un adolescent de quinze ans qui tire les cheveux d’un autre ne pouvait que discréditer l’homme, cinquante ans plus tard.
Pendant tout l’été, il n’a été question que des allégations diffamatoires de Harry Reid ou de Nancy Pelosi disant qu’ils connaissaient quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui avait entendu dire que Romney plaçait de l’argent en Suisse et aux îles Cayman. C’était ce qu’on pouvait appeler une information vérifiable. Vraiment. Cela a été traité comme une information vérifiable.
La campagne négative et ordurière dont je parlais plus haut a été amplifiée dans les pages des grands magazines, sur les grandes chaînes de télévision, sur CNN.
Mitt Romney est-il un assassin, s’est demandé gravement un chroniqueur sur CNBC. La raison de la question ? Une video d’un groupe de soutien à Obama où on voit un homme accuser Romney d’avoir fait fermer l’entreprise dans laquelle il travaillait, de lui avoir fait perdre ses revenus et son assurance santé, et d’avoir fait que sa femme n’a pu se soigner et est morte d’un cancer. A cause de Romney ! Il aurait été facile de vérifier que l’entreprise en question a fermé après que Romney ait quitté Bain Capital, que la femme de l’homme interviewé travaillait pour une autre entreprise avec laquelle Bain Capital n’avait aucun lien, et que la femme concernée est tombée malade sept années après la fermeture de l’entreprise. Mais pourquoi vérifier, n’est-ce pas ? Pourquoi un journaliste des grands médias aurait-il dit que Bain Capital a permis l’existence de multiples entreprises qui ont créé des milliers d’emplois ?
Ces derniers jours, il paraîtrait que Mitt Romney a commis gaffe sur gaffe.
Pourquoi ? Il a, quelques heures après l’assassinat de l’ambassadeur des Etats-Unis à Benghazi, fait une déclaration rappelant les valeurs des Etats-Unis d’Amérique et la nécessité pour ceux-ci d’affirmer qu’ils ne céderaient pas devant la terreur et la violence. C’était, ont dit les grands médias, une horrible maladresse et une attitude de « division ». Il se trouvait simplement que le Président des Etats-Unis en exercice était en voyage à Las Vegas et n’avait fait aucune déclaration sur le sujet, pas même par le biais d’un communiqué. Il se trouvait aussi que le seul communiqué disponible était celui de l’ambassade des Etats-Unis au Caire, qui présentait des excuses aux émeutiers pour un film de treize minutes censé les avoir « offensés ». Un homme, Mitt Romney, tient un discours digne et légitime, et c’est décrit comme une horreur. Un autre homme, censé être le Président, prend du bon temps à Las Vegas, et les médias trouvent que c’est très bien. Si Obama se faisait photographier dans une suite du Caesars Palace en compagnie d’une douzaine de prostituées, les grands médias américains trouveraient sans doute cela très présidentiel. Nous n’en sommes pas là, mais au train où vont les choses…
Obama mettra seize heures à réagir, très mollement. Seize heures ! Mitt Romney a donné une conférence de presse peu de temps après la réaction d’Obama : toutes les questions qui lui furent adressées portaient sur sa supposée maladresse, strictement toutes. Au même moment, Obama avait déjà changé de terrain, et donnait une interview sur une radio de rap de Floride, et discutait de ses goûts musicaux avec un animateur surnommé « The Pimp with a Limp », le maquereau qui boite. Le maquereau qui boite disait à Obama être très honoré de parler avec le Président, Obama répondait que c’est lui, Obama, qui était très honoré de parler avec le maquereau qui boite. Cela ressemble à une mauvaise plaisanterie : ce n’en est pas une.
Depuis, des extraits d’une video prise en caméra cachée lors d’une rencontre de levée de fonds à Boca Raton ont été diffusés sur le site du magazine d’extrême gauche Mother Jones. Ces extraits se sont retrouvés sur toutes les chaînes de télévision, et commentés dans toute la presse écrite. Romney avait, paraît-il, commis à nouveau des erreurs qui le rendaient grotesques et qui faisaient que sa candidature était morte et enterrée.
Sur le premier extrait, on entend Romney dire que 47% des Américains vivent d’allocations sociales ou souhaitent en vivre, et ne voteront pas pour lui. Quelle erreur grotesque en effet ! S’il n’y a pas 47% d’assistés à temps complet aux Etats-Unis aujourd’hui, il n’y en a pas moins 47% de gens recevant des subsides divers du gouvernement et ne payant pas d’impôts. Dire que tous ces gens souhaitent vivre d’assistance est peut-être aller vite en besogne, mais les sondages indiquent néanmoins que 47% des Américains souhaitent plus de redistribution, donc plus de socialisme. De la part de Romney, déduire que des gens souhaitant plus de socialisme ne voteront pas pour lui relève de la logique élémentaire. Mais cette logique échappe complètement aux journalistes des grands médias américains, à moins qu’ils la comprennent et qu’ils fassent les ânes pour avoir du foin. J’opterais pour la deuxième réponse.
Sur le deuxième extrait, Romney dit qu’il pense que la paix n’est pas pour demain entre Israël et l’Autorité Palestinienne parce que les Palestiniens ne veulent pas la paix. Comment Romney peut-il être aussi stupide, non ? Ou bien les journalistes des grands médias américains n’entendent jamais les déclarations des dirigeants palestiniens, ou bien ils font là encore les ânes pour avoir du foin. J’opterais là encore pour la deuxième réponse.
Dois-je ajouter que les extraits de video concernés ont permis aux grands médias américains de cesser presque complètement de parler du fiasco de la politique d’Obama envers le monde musulman ? C’est à peine si on a dit que les crimes commis à Benghazi n’étaient pas des actes « spontanés » comme le disait l’administration Obama, mais un attentat terroriste fomenté par Al Qaida. Il n’a pas encore été dit sur les grands médias américains que les émeutes dans le monde musulman ont été déclenchées non pas en raison d’un film de treize minutes, comme s’obstine à le dire l’administration Obama, mais par décision de groupes islamistes qui ont exposé leur stratégie sur des sites internet plusieurs jours avant les émeutes et avant que qui que ce soit parle du film de treize minutes, qui n’a été qu’un prétexte.
Un conseiller d’Obama disait voici quelques semaines à la télévision que si l’équipe Obama parvenait à faire campagne sans que la situation économique et géopolitique soit abordée, en la tirant vers des sujets de diversion, ils pouvaient l’emporter. Il ajoutait que si des débats de fonds devaient avoir lieu, les choses seraient bien plus difficiles.
Pour le moment, la campagne se fait sur des sujets de diversion.
En 2008, les grands médias américains s’étaient transformés en vils propagandistes au service d’Obama. Aujourd’hui, ils se transforment en propagandistes encore plus vils. Il semblerait qu’ils se moquent totalement du futur du pays et de la situation mondiale et qu’ils sont prêts à pratiquer une politique de la terre brûlée et à tuer Mitt Romney plutôt que voir tomber leur idole. On a l’impression d’avoir affaire à des joueurs qui auraient tout misé sur un chiffre, qui seraient prêts à braquer le croupier plutôt que perdre leur mise, et qui seraient si obnubilés par le jeu qu’ils ne verraient pas qu’autour d’eux, le casino est en feu.
Avoir contre soi tous les grands médias ( à l’exception de Fox news), le pouvoir exécutif, des milliers de militants de gauche et d’extrême gauche, c’est déjà beaucoup. Avoir laissé se mener une campagne négative n’arrange rien. Mener une campagne qui manque de dynamisme pourrait s’avérer fatal.
Romney peut-il reprendre la main ? Je l’espère. Il lui faudrait d’urgence dénoncer tout le mal qu’Obama a déjà fait aux Etats-Unis et au monde, et montrer qu’il est porteur de projets de redressement et qu’il est à même de les incarner. Le peut-il ? La réponse ne m’appartient pas.
Si Romney perd, c’est l’Amérique et le monde qui auront perdu. C’est une Amérique qui est celle que j’aime qui sera profondément atteinte. C’est une Amérique de l’assistance, de la redistribution, du relativisme et de la perte des repères éthiques qui viendra sur le devant de la scène. Une Amérique qui ressemblera à « the pimp with a limp », aux soirées de Jay Z et Beyoncé, au show de David Letterman où Obama est allé expliquer la recette de sa bière artisanale pendant que les ambassades américaines brûlent sur trois continents. Une Amérique de milliardaires du rap et des chansons où les femmes sont des « fucking bitches ». Une Amérique de corruption, de gens riches grâce à des liens avec le gouvernement, et de pauvres restant pauvres et recevant leur chèque. Cette Amérique là s’effondrera en pareil cas, mais que restera-t-il après l’effondrement ?
Dans le reste du monde, ce sera la montée vers la barbarie. Nous en avons présentement un avant-goût. Il y en a à qui cela plaît, je sais. Ils feront la fête si Obama est réélu. On faisait la fête à Rome alentour de l’an 400. Juste avant que viennent les barbares.
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PS Il se donne à New York et Los Angeles une comédie musicale appelée « The Book of Mormon ». On y traîne dans la fange le courant chrétien auquel appartient Mitt Romney, d’une manière plus vulgaire, et scatologique, que le médiocre film sur Mahomet dont on parle tant. Les gens de l’administration Obama qui ont dit que le film sur Mahomet était une horreur et qui ont fait interpeller son auteur ont beaucoup apprécié « The Book of Mormon » et n’y ont vu aucune vulgarité. Pas un seul mormon ne s’est senti « humilié par « The Book of Mormon », pas un seul n’a incendié un bâtiment ou vociféré en public.
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La rédaction