Les explosions de violences anti-américaines qui ont frappé les villes de Benghazi en Libye et du Caire en Egypte mardi 11 septembre, jour anniversaire des attentats du 11 septembre, ne sont en rien dues au hasard.
Le film ridiculisant Mahomet, et censé avoir provoqué la colère des manifestants, semble même faire partie d’une véritable campagne globale visant à mettre le feu aux poudres dans la région, et orchestrée par le pasteur extrémiste Terry Jones, connu pour avoir brûlé un exemplaire du Coran en 2011.
L'innocence des musulmans
Le long-métrage à l’origine du scandale, intitulé "L’innocence des musulmans", a été réalisé par un Californien de 50 ans, en réalité agent immobilier, et répondant au nom de Sam Bacile. Selon le quotidien israélien Haaretz, l'homme vivrait aujourd'hui caché.
Ce cinéaste amateur, qui se définit lui-même comme un "juif israélien", a cependant bénéficié d’un budget assez impressionnant pour une production de si piètre qualité. D’une durée de deux heures, le film aurait en effet coûté quelques 5 millions de dollars et nécessité l’embauche de 59 acteurs et 45 techniciens. Sam Bacile affirme avoir été financé par une centaine de "donneurs juifs".
Mais l’œuvre n’a été diffusé en intégralité qu’une seule fois, il y a plusieurs mois, dans une salle de cinéma d’Hollywood quasiment déserte. La version ayant circulé sur internet est, elle, tirée d’une longue bande-annonce mise en ligne au mois de juillet dernier. Plus précisément, la vidéo ayant provoqué la colère des manifestants est une version sous-titrée en arabe mise en ligne il y a environ deux semaines, et retirée depuis. Sam Bacile affirme ne pas être à l’origine de cette traduction.
Le blog du Morris Sadek
La personne ayant réellement réussi à "promouvoir" le long-métrage serait en réalité Morris Sadek, un blogueur américain d’origine égyptienne de confession copte, violemment anti-musulman et ami du pasteur Terry Jones. L’homme aurait été particulièrement actif dans la diffusion de la version sous-titrée de la vidéo qu’il avait incluse, dès le 5 septembre, dans une note sur son blog et qu’il aurait également envoyée par mail via sa newsletter.
Trois jours après la publication de la vidéo sur le blog de Sadek, un journal égyptien dénonçait d’ailleurs "la production de ce film avec la participation de coptes vengeurs, accompagnés par le prêtre extrémiste Terry Jones". L’Eglise copte d’Egypte a d’ailleurs officiellement condamné l’implication de certains de ses fidèles que ce soit dans le financement ou la diffusion du film.
Cela fait donc déjà plusieurs jours, voire plusieurs semaines, que l’affaire enflamme les réseaux sociaux. Si les violences ont explosé ce mardi, c’est en raison d’une autre provocation, venant cette fois de Terry Jones lui-même. Depuis plusieurs années, le pasteur extrémiste souhaite en effet faire du 11 septembre une "journée anti-islam".
Après avoir brûlé un Coran en 2011, Terry Jones avait organisé cette année un véritable "procès" de Mahomet diffusé en live sur son site. Un procès au terme duquel le prophète a, bien entendu, été déclaré coupable. En guise de sentence, Terry Jones a cette fois bel et bien brûlé un exemplaire du Coran et posté la vidéo sur You Tube.
Ce nouveau coup d’éclat des extrémistes américains risque en tous cas de compliquer la situation des Etats-Unis dans les pays musulmans. En 2011, peu après que Terry Jones eut brûlé un Coran, une douzaine d’employés des Nations-Unies avaient été tués lors d’une manifestation à Mazar-i-Shariff en Afghanistan.
Cette affaire risque également d’aggraver les tensions en Egypte entre musulmans et coptes, qui représentent environ 10% de la population et qui sont déjà régulièrement victimes de divers persécutions et abus. Sur Twitter, circule ainsi une photo d’un manifestant égyptien, demandant "l’expulsion d’Egypte de la diaspora copte".
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La rédaction