vendredi 21 septembre 2012

Bientôt sur vos écrans :Le mariage de Jésus

Feuilleton d’automne : « Le mariage de Jésus ».:
Bientôt sur vos écrans : « Papyranus la vie ».
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Michel Garroté, réd en chef – Comme c’est amusant ! Nos journaleux préférés, médiocres écrivassiers, effroyablement incultes en matière d’histoire religieuse, font la promotion – mondiale et gratuite – d’une vidéo minable pondue sur Youtube, une vidéo minable parmi des millions d’autres : ‘Innocence des musulmans’. Quelle coïncidence ! Israël ose envisager (quel toupet !) de ne pas être rayé de la carte en rayant de la carte quelques usines nucléaires létales du côté des ayatollahs – intégristes, nazislamistes et génocidaires – iraniens.
Les chrétiens coptes sont martyrisés en Egypte. Le pape – encore celui-là – se rend au Liban, un pays où les chrétiens sont tenus de se soumettre aux terroristes du Hezbollah sous peine de se faire assassiner. Et là – hop et vlan ! – on sort du chapeau cette vidéo débile et on crie à l’islamophobie. On raconte que l’auteur de cette fucking video est Juif Israélien. Puis on raconte que l’auteur est Copte Chrétien.
Cerise sur le gâteau, au même moment, une gonzesse hallucinée nous annonce que, comme par hasard, elle tombe à l’instant, dans les catacombes de Harvard, sur un papyrus (copte évidemment) selon lequel Jésus-Christ avait une femme. Encore un petit effort bande d’allumés ! Sortez-nous la semaine prochaine un torchon, un pécu, daté du deuxième siècle après Jésus-Christ, torchon selon lequel le Jésus en question a consommé un mariage gay avec un Philistin bien membré (un Palastu, un Pilistu ou un Pelištīm) et que les deux zozos (Jesu et Pilistu) ont adopté un garçonnet (Moncul) qui avait failli se noyer dans le lac de Tibériade, parce qu’il ne savait ni nager dans l’eau, ni marcher sur l’eau.
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Jézu et Mârrie selon vénérable soeur Karen King
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Le feuilleton con « Papyranus la vie » a commencé. Prochain épisode la semaine prochaine : « Mahomet était le professeur de religion de Jésus. Qu’ont-ils fait ensemble ? ». Voilà où nous en sommes en matière de tolérance à géométrie variable : islamophilie, judéophobie, christianophobie et surtout immense connerie. Libération, Charlie Hebdo et l’Organisation de la Coopération islamique, les trois plus grandes stars du Globe. On veut les photos. Dans Closer si possible.
Patrice De Plunkett sur ‘actualité chrétienne’ écrit (lien en bas de page) : Une Américaine, un fragment écrit 250 ans après les évangiles, et hop ! c’est la chenille qui redémarre (sur fond d’érotomanie occidentale)… Le « morceau jusqu’ici inconnu » se compose de ces sept mots : « Et Jésus leur a dit : “Ma femme”…», écrits en langue copte sur un fragment de papyrus du IVe siècle dont on ne sait même pas où il fut trouvé (Egypte ? Syrie ?). La maman du scoop s’appelle Karen King et enseigne à la Divinity School du Massachusetts : « Ce nouvel évangile », trompète-t-elle, « ne prouve pas que Jésus était marié, mais il nous dit que l’ensemble de la question était soulevée dans le cadre de débats enflammés sur sa sexualité et sur son mariage ». Des débats « enflammés » sur la sexualité de Jésus ? Le fragment ne dit rien de tel. Il ne dit que ce qu’il dit : c’est-à-dire pas grand-chose – et surtout rien d’original, sauf pour ceux qui ne connaissent pas la question. Des « évangiles » du IVe siècle (c’est-à-dire composés deux siècles et demi après Matthieu, Marc, Luc et Jean), on en connaît des palanquées et ils ne témoignent que de l’idéologie de leurs auteurs : souvent gnostiques, ils mêlent des emprunts au judaïsme et des échos de la magie hellénistique très branchée sur l’éros, ce qui ne nous apporte rien quant à la connaissance de la foi chrétienne dans l’Antiquité. Si l’on s’intéresse scientifiquement à cette dernière question, on se lancera plutôt dans l’étude des deux pavés magistraux du jésuite Antonio Orbe qui viennent de paraître : Introduction à la théologie des IIe et IIIe siècles (Cerf). On y voit, pas à pas, comment la foi chrétienne s’est affinée en se confrontant à la concurrence de la Gnose, et en quoi ces deux courants étaient irréductiblement différents. N’espérons pas entendre Claire Chazal parler d’Antonio Orbe. Parions qu’elle déroulera un tapis rouge à Mme King et à son « débat enflammé sur la sexualité », qui correspond à Closer plus qu’au christianisme primitif. Sauf névrose, aucun chrétien connaissant sa religion n’est tourmenté par une « question du mariage de Jésus » que les documents d’origine ne permettent pas de poser. Fils de l’homme, Ieschoua le Nazôréen est pleinement homme (sinon comment comprendre l’Incarnation ?) ; Fils du Père, sa venue s’adresse à « tous les peuples » : il ne vient pas fonder une petite famille. Les fictions tardives ne tiennent pas si on les confronte aux textes historiques : les quatre évangiles, les Actes et les épîtres.
--> Le chroniqueur Yves Daoudal sur son blog écrit (lien en bas de page) Il n’est pas besoin d’être un spécialiste pour savoir qu’au IVe siècle pullulaient les faux évangiles gnostiques, notamment en copte (comme le plus célèbre d’entre eux, l’Evangile selon Thomas, découvert en 1945). Evangiles caractérisés notamment par le fait qu’il s’agit d’une suite de propos attribués à Jésus commençant toujours par « Jésus a dit ». Un tel fragment ne permet même pas d’affirmer que le propos puisse être attribué à Jésus-Christ, plutôt qu’à Jésus ben Sirach (l’auteur de l’Ecclésiastique) voire à Josué (dont le nom en copte comme en grec et en hébreu s’écrit exactement comme Jésus), ou à un autre Jésus.
Anne-Laure Filhol dans Le Figaro écrit (lien en bas de page) : Selon le père Michel Gueguen, professeur d’Écriture sainte au Collège des Bernardins, trois points posent question, voire problème: qu’est-ce qui nous prouve que le « Jésus » cité dans ce fragment fait allusion au Jésus de la Bible ? « Jésus était un nom commun au début de notre ère, explique-t-il, les Ancien et Nouveau Testament en comptent d’ailleurs plusieurs. Ce fragment peut donc renvoyer à une autre personne que Jésus-Christ ». Autre aspect: les multiples interprétations possibles que l’on peut tirer de ce bout de phrase. « Comme nous le voyons dans la Bible, le langage religieux est très symbolique et il ne faut pas prendre à la lettre le langage matrimonial, relève le père Gueguen. Dieu est parfois désigné comme l’Époux qui rentre en alliance avec Israël. Il ne s’agit en rien du mariage incarné que nous connaissons » Et d’ajouter : « L’Ancien Testament ne comporte aucun possessif comme celui mentionné dans le fragment. Le Christ ne dit jamais ‘ma femme’ mais ‘femme’. De plus il est toujours seul ou accompagné d’une communauté. Cela rentre donc en contradiction avec les quatre Évangiles qui sont tout de même garants d’objectivité historique, contrairement aux autres et à toute la littérature qui n’a cessé de se développer sur ce sujet depuis le Ier siècle.
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