mardi 11 septembre 2012

Des pogroms anti-Roms organisés en Hongrie






De violentes attaques contre la minorité Rom en Hongrie se poursuivent sans relâche. Il est de plus en plus évident que le gouvernement droitier dirigé par le premier ministre Victor Orban, et qui collabore étroitement avec le parti néo-fasciste Jobbik provoque délibérément de telles attaques afin de détourner l’attention de l’énorme crise économique et des problèmes sociaux que connaît le pays.

Le 20 août, des membres de la « Garde hongroise » paramilitaire ont défilé contre des familles Roms dans la ville de Cegled, au Sud-Est de la capitale Budapest. Plus de 400 d’entre eux, principalement des gardes en uniforme et leurs partisans, ont défilé à travers des campements de Roms dans les environs de la ville forte de 40.000 habitants. Ils ont hurlé des slogans tels « Sales tsiganes, vous allez tous crevez. » Les stations de radio de droite et des portails Internet ont publié des appels pour que les fascistes viennent à Cegled pour participer à cette action.

Les médias ont rapporté les récits de témoins oculaires faisant état d’intimidation des résidents de la ville. Il semblerait également que des coups de feu ont été tirés. Tout ceci s’est passé en présence de la police qui était sur place et qui a permis aux fascistes de commettre des actes d’intimidation avant que ces derniers ne se retirent.

Des journalistes de l’hebdomadaire HVG ont rapporté que dans une ferme avoisinante plusieurs centaines d’extrémistes de droite avaient accueilli un député parlementaire du parti d’extrême droite Jobbik qui avait exprimé son soutien à la mobilisation fasciste. La « Garde hongroise » est considérée être un bras paramilitaire de Jobbik et a à plusieurs reprises été mobilisée contre les Roms. Début août, environ un millier de fascistes ont défilé à travers le village de Devecser à l’Ouest de la Hongrie.

Dans ce contexte de nombreux Roms ont décidé qu’ils n’avaient pas d’avenir en Hongrie. Au cours de ces six derniers mois environ un millier de Roms hongrois ont demandé l’asile politique rien qu’au Canada.

L’élément immédiat qui a déclenché cette récente chasse aux sorcières contre les Roms a été le meurtre en juillet de la psychologue Kata Bandy travaillant pour la police. Un Rom sans emploi a été arrêté dans le cadre de ce meurtre. Il vivait dans des conditions extrêmement précaires, il avait précédemment été condamné pour vol et avait passé plusieurs années en prison. Les organes des médias proches du gouvernement ont immédiatement dénoncé le suspect de « meurtrier tsigane. » Des appels furent lancés pour « une solution finale pour la question tsigane, » tout en incitant délibérément à la violence contre les Roms.

Le militant Rom Jeno Setet a résumé le sentiment des Rom : « Le meurtre de Kata Bandy est terrible, mais plus terrible encore est le fait que nous avons été collectivement déclaré coupables et les institutions de l’Etat ne font rien pour nous protéger, nous citoyens de ce pays. »

Lors d’une conférence de presse, les parents de Kata Bandy ont expressément lancé un appel aux médias et aux cercles politiques de s’abstenir « d’utiliser le nom de notre fille comme un prétexte pour inciter à la haine ou pour réintroduire la peine capitale » - mais en vain.

Le Jobbik tout comme le parti dirigeant Fidez se sert du meurtre de Bandy pour réclamer l’introduction de la peine de mort. Jobbik, qui avait remporté les élections en 2010 avec 17 pour cent des votes, a organisé une importante campagne en faveur de la peine de mort. Le dirigeant de Jobbik, Gabor Vona, a justifié la demande pour la peine capitale en affirmant faussement que 90 pour cent de tous les meurtriers étaient des « Tsiganes, » tandis que 100 pour cent de toutes les victimes étaient des Hongrois.

Un certain nombre de politiciens du parti au pouvoir Fidesz ont aussi demandé l’introduction de la peine de mort qui contreviendrait à la Constitution hongroise et au droit communautaire. La question doit maintenant être débattue début septembre par la faction du Fidesz.

Les attaques ainsi que l’intimidation à l’encontre des Roms ont lieu depuis plusieurs années en Hongrie. En 2008-2009, un nombre de Roms hongrois ont été blessés et six ont été tués, dont un enfant en bas âge, dans une série de pogroms meurtriers. A chaque fois les meurtres se sont produits après les défilés par la Garde hongroise à travers des campements Roms. Le procès de quatre membres de la Garde soupçonnés d’être impliqués dans les meurtres dure depuis plus d’un an.

Dans un cas plus récent, des groupes fascistes avaient terrorisé l’année dernière des mois durant les Roms vivant dans le village de Gyöngyöspata.

Le Fidesz au pouvoir compte de plus en plus souvent sur l’extrême droite. Le premier ministre Orban a déclaré que les campagnes anti-Roms sont inacceptables mais il a aussitôt insisté en disant que les Roms étaient obligés de s’intégrer.

Suite à une motion déposée par le Jobbik, le parlement hongrois a amendé dernièrement le Code criminel du pays pour rendre passible d’un an de prison toute calomnie de la « Sainte couronne » et des symboles d’Etat tels l’hymne et le drapeau national ainsi que les armoiries. Le Fidesz dispose d’une majorité des deux tiers au parlement.

L’augmentation de la violence droitière, tolérée et/ou soutenue par le parti au pouvoir, est une réponse à la crise économique et sociale qui ne cesse de s’aggraver en Hongrie. Le pays est en proie à la récession et est confronté à une inflation en hausse. En juillet, le taux d’inflation était de 5,8 pour cent, bien au-dessus des attentes des experts. La principale cause de l’inflation élevée est l’augmentation spectaculaire des prix des denrées alimentaires.

Les conditions de vie de la majorité des Hongrois sont de plus en plus intolérables en raison des coupes drastiques imposées par le gouvernement Orban et de l’inflation élevée. Selon les données émanant fin juin de la Banque nationale hongroise, 16,3 pour cent de tous les prêts détenus par les ménages étaient jugés « non performants », ce qui signifie que les débiteurs sont en retard de paiement d’au moins 90 jours pour au moins une tranche. Il y a un an ce chiffre était de 11 pour cent.

Les principales raisons avancées par la Banque nationale hongroise pour cette augmentation de « mauvaises créances » sont un chômage élevé et la baisse du revenu disponible pour la plupart des débiteurs. Ce revenu a baissé en raison de la hausse de l’impôt, de l’impact du taux d’imposition uniforme pour les faibles revenus et la hausse de l’inflation. Si le forint continue de chuter face à l’euro, la situation continuera d’empirer.



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