« Un bon Juif se doit de détester les Arabes » : Zvi Ba’rel, journaliste senior au quotidien Haaretz où il est entré il y a trente ans, n’y va pas par quatre chemins pour fustiger la fausse indignation des médias et de personnalités gouvernementales, à l’annonce du lynchage d’un jeune Palestinien au cœur de Jérusalem, pendant que des dizaines de badauds regardaient la scène sans réagir. D’où cet éditorial au vitriol, que voici, dans lequel il montre la profondeur du racisme anti-Arabe qui gangrène la société juive israélienne (traduction de l’anglais vers le français CAPJPO-EuroPalestine)
« Les jeunes criminels qui ont battu sans pitié Jamal Julani et ses cousins (les 3 victimes du lynchage cité plus haut, NDT) pour l’unique raison que ce sont des Arabes n’habitent pas dans une colonie, ils n’ont eux-mêmes jamais occupé de villes ; ils n’ont pas pris possession de l’une de ces collines dans les territoires palestiniens. Peut-être ont-ils participé à l’une de ces excursions organisées par le ministère de l’Education à Hébron, où l’on s’efforce de familiariser les enfants avec leur Patrimoine Juif. Peut-être ont-ils ici où là entendu parler de l’occupation, mais c’est bien tout.
La célérité avec laquelle certains ont voulu voir un lien entre les violences perpétrées la semaine dernière à Jérusalem et l’influence corruptrice de l’occupation des territoires palestiniens est superflue. Les déclarations effroyables de l’un des adolescents interpellés, à savoir que Julani, laissé pour mort sous ses coups et ceux de ses complices, « pouvait bien mourir, cela m’est égal, puisque c’est un Arabe » ne sont pas un produit de l’occupation. C’est un élément inséparable de notre culture, qui a pu être quelque peu stimulé par l’occupation. Mais haïr l’Arabe et vouloir sa mort ; rester là à regarder sans rien faire, ce qui a été le cas de dizaines de passants dans cette affaire ; arrêter un Palestinien malade et le laisser crever sur le bord d’une route, comme l’a fait un policier, c’est déjà une vision globale.
Nul besoin de lire l’ouvrage répugnant « La Torah du Roi », dans lequel les rabbins Yitzhak Shapira et Yosef Elitzur –de la yeshiva Od Yosef à Yitzhar- écrivent : « L’interdiction de tuer des non-Juifs ne résulte pas de la valeur intrinsèque de la vie de ceux-ci, vie qui n’a pas essentiellement de légitimité en tant que telle ». D’accord, les rabbins en question sont des rabbins des colonies, arbitres de la loi juive au bénéfice des hooligans des avant-postes. On peut dire qu’ils sont dans un autre pays, là où on peut ne pas faire la moindre attention aux lois de l’Etat d’Israël.
On préférera alors s’intéresser aux propos du rabbin Shmuel Eliyahu, rabbin de Safed, une ville d’Israël. Et à ce titre fonctionnaire, subordonné au système national d’Education israélien. Eliyahu, donc, a découvert que « les Arabes vivent avec d’autres codes que nous, ils ont des normes de violence qui sont devenues une idéologie. Leurs vols sur les terres agricoles sont une idéologie. Lorsqu’ils rançonnent des agriculteurs dans le Neguev, c’est une idéologie ».
Et qu’est-ce qu’il veut l’Arabe ? « Pas seulement voler des câbles ou les moutons de l’éleveur Juif. L’Arabe, comme on le connait, a toujours les yeux braqués sur les filles d’Israël ».
Talila Nesher, qui tient la rubrique Education au journal Haaretz, a fait une enquête sur un manuel d’instruction civique, dont l’objet est d’aider les élèves à « comprendre » ce qu’est un Arabe. Le manuel contient la reproduction d’une lettre écrite par un groupe d’épouses de rabbins, qui adjurent les jeunes filles juives de se tenir à l’écart des Arabes. Il contient aussi des pages d’exercices préparatoires au baccalauréat. Il est demandé au lecteur de commenter la lettre, puis de prendre connaissance du corrigé, à la fin de l’ouvrage.
Lisons donc ce corrigé, celui qui devrait permettre aux jeunes d’avoir une bonne note au bac : « Le fait pour des jeunes filles juives de fréquenter des Arabes est susceptible de conduire à l’établissement d’une relation plus étroite, et même au mariage. L’assimilation des jeunes filles juives à la minorité arabe portera alors préjudice à la préservation de la majorité juive dans l’Etat d’Israël ». Un autre argument est aussi avancé : « Lorsque des jeunes filles juives fréquentent des Arabes, cela peut comporter un risque politique (en anglais, « nationalist », NDT), et compromettre leur droit à la vie et à la sécurité ».
L’ouvrage en question n’a pas le visa ministériel, mais il s’en est vendu des milliers d’exemplaires auprès des futurs candidats au baccalauréat.
La « littérature » israélienne incitant à la haine des Arabes date de bien avant l’occupation. La série de livres enfantins « Danidin », de Shraga Gafni est truffée d’illustrations et d’expressions qui balisent le terrain pour le développement de la haine anti-Arabe. La collection « Mikraot Yisrael » (« Lecteurs israéliens »), qui a servi à l’apprentissage de centaines de milliers d’enfants israéliens, est elle aussi bourrée de termes incitant à la haine.
Nous avons des gens qui passent pas mal de temps à surveiller le contenu des ouvrages scolaires publiés par l’Autorité Palestinienne. Mais on ne ressent pas la nécessité de lister toutes les recettes visant à développer la haine de l’anti-Arabe dont on nous a nourris, et qui ont fait ensuite leur propre chemin en nous. Alors, on est tenté de venir en défense de ces criminels de Jérusalem, dont le « seul crime », si l’on y réfléchit, a été de mettre en pratique la pédagogie israélienne et son éthos de « Mort aux Arabes » qui leur ont été enseignés.
Cette mentalité continuera d’être partie intégrante de l’identité nationale juive-israélienne, quand bien même l’occupation cesserait demain matin. Et cela, parce que notre « Mort aux Arabes » n’est pas cette haine « classique » vis-à-vis de quelqu’un qui est différent, il n’est pas non plus l’infâme mot d’ordre des gangs adeptes de ce qu’ils appellent les « représailles ». Ce n’est pas non plus la même chose que la xénophobie ou la crainte du musulman, qui se retrouvent dans le racisme européen.
Chez nous, la haine de l’Arabe fait partie des manifestations de la loyauté et de son identité qu’un citoyen juif doit apporter à l’Etat. Un Israélien loyal est un Israélien qui laissera mourir un Arabe, parce que ce dernier « est un Arabe ». Et si une personne n’est pas comme cela, c’est bien connu, « c’est parce qu’elle couche avec les Arabes ».
http://www.haaretz.com/opinion/a-good-jew-hates-arabs.premium-1.459832
CAPJPO-EuroPalestine
La célérité avec laquelle certains ont voulu voir un lien entre les violences perpétrées la semaine dernière à Jérusalem et l’influence corruptrice de l’occupation des territoires palestiniens est superflue. Les déclarations effroyables de l’un des adolescents interpellés, à savoir que Julani, laissé pour mort sous ses coups et ceux de ses complices, « pouvait bien mourir, cela m’est égal, puisque c’est un Arabe » ne sont pas un produit de l’occupation. C’est un élément inséparable de notre culture, qui a pu être quelque peu stimulé par l’occupation. Mais haïr l’Arabe et vouloir sa mort ; rester là à regarder sans rien faire, ce qui a été le cas de dizaines de passants dans cette affaire ; arrêter un Palestinien malade et le laisser crever sur le bord d’une route, comme l’a fait un policier, c’est déjà une vision globale.
Nul besoin de lire l’ouvrage répugnant « La Torah du Roi », dans lequel les rabbins Yitzhak Shapira et Yosef Elitzur –de la yeshiva Od Yosef à Yitzhar- écrivent : « L’interdiction de tuer des non-Juifs ne résulte pas de la valeur intrinsèque de la vie de ceux-ci, vie qui n’a pas essentiellement de légitimité en tant que telle ». D’accord, les rabbins en question sont des rabbins des colonies, arbitres de la loi juive au bénéfice des hooligans des avant-postes. On peut dire qu’ils sont dans un autre pays, là où on peut ne pas faire la moindre attention aux lois de l’Etat d’Israël.
On préférera alors s’intéresser aux propos du rabbin Shmuel Eliyahu, rabbin de Safed, une ville d’Israël. Et à ce titre fonctionnaire, subordonné au système national d’Education israélien. Eliyahu, donc, a découvert que « les Arabes vivent avec d’autres codes que nous, ils ont des normes de violence qui sont devenues une idéologie. Leurs vols sur les terres agricoles sont une idéologie. Lorsqu’ils rançonnent des agriculteurs dans le Neguev, c’est une idéologie ».
Et qu’est-ce qu’il veut l’Arabe ? « Pas seulement voler des câbles ou les moutons de l’éleveur Juif. L’Arabe, comme on le connait, a toujours les yeux braqués sur les filles d’Israël ».
Talila Nesher, qui tient la rubrique Education au journal Haaretz, a fait une enquête sur un manuel d’instruction civique, dont l’objet est d’aider les élèves à « comprendre » ce qu’est un Arabe. Le manuel contient la reproduction d’une lettre écrite par un groupe d’épouses de rabbins, qui adjurent les jeunes filles juives de se tenir à l’écart des Arabes. Il contient aussi des pages d’exercices préparatoires au baccalauréat. Il est demandé au lecteur de commenter la lettre, puis de prendre connaissance du corrigé, à la fin de l’ouvrage.
Lisons donc ce corrigé, celui qui devrait permettre aux jeunes d’avoir une bonne note au bac : « Le fait pour des jeunes filles juives de fréquenter des Arabes est susceptible de conduire à l’établissement d’une relation plus étroite, et même au mariage. L’assimilation des jeunes filles juives à la minorité arabe portera alors préjudice à la préservation de la majorité juive dans l’Etat d’Israël ». Un autre argument est aussi avancé : « Lorsque des jeunes filles juives fréquentent des Arabes, cela peut comporter un risque politique (en anglais, « nationalist », NDT), et compromettre leur droit à la vie et à la sécurité ».
L’ouvrage en question n’a pas le visa ministériel, mais il s’en est vendu des milliers d’exemplaires auprès des futurs candidats au baccalauréat.
La « littérature » israélienne incitant à la haine des Arabes date de bien avant l’occupation. La série de livres enfantins « Danidin », de Shraga Gafni est truffée d’illustrations et d’expressions qui balisent le terrain pour le développement de la haine anti-Arabe. La collection « Mikraot Yisrael » (« Lecteurs israéliens »), qui a servi à l’apprentissage de centaines de milliers d’enfants israéliens, est elle aussi bourrée de termes incitant à la haine.
Nous avons des gens qui passent pas mal de temps à surveiller le contenu des ouvrages scolaires publiés par l’Autorité Palestinienne. Mais on ne ressent pas la nécessité de lister toutes les recettes visant à développer la haine de l’anti-Arabe dont on nous a nourris, et qui ont fait ensuite leur propre chemin en nous. Alors, on est tenté de venir en défense de ces criminels de Jérusalem, dont le « seul crime », si l’on y réfléchit, a été de mettre en pratique la pédagogie israélienne et son éthos de « Mort aux Arabes » qui leur ont été enseignés.
Cette mentalité continuera d’être partie intégrante de l’identité nationale juive-israélienne, quand bien même l’occupation cesserait demain matin. Et cela, parce que notre « Mort aux Arabes » n’est pas cette haine « classique » vis-à-vis de quelqu’un qui est différent, il n’est pas non plus l’infâme mot d’ordre des gangs adeptes de ce qu’ils appellent les « représailles ». Ce n’est pas non plus la même chose que la xénophobie ou la crainte du musulman, qui se retrouvent dans le racisme européen.
Chez nous, la haine de l’Arabe fait partie des manifestations de la loyauté et de son identité qu’un citoyen juif doit apporter à l’Etat. Un Israélien loyal est un Israélien qui laissera mourir un Arabe, parce que ce dernier « est un Arabe ». Et si une personne n’est pas comme cela, c’est bien connu, « c’est parce qu’elle couche avec les Arabes ».
http://www.haaretz.com/opinion/a-good-jew-hates-arabs.premium-1.459832
CAPJPO-EuroPalestine
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