
Le diplomate algérien Lakhdar Brahimi a accepté vendredi 17 août de prendre le relais de
Kofi Annancomme médiateur international dans le conflit en
Syrie où des combats entre l'
armée et des insurgés dans la capitale et à Alep ont encore fait des dizaines de
morts.
Ancien chef de la diplomatie algérienne, Lakhdar Brahimi, 78 ans, a accepté de prendre la difficile succession de
Kofi Annan au lendemain de la décision du Conseil de sécurité de mettre fin à la mission des observateurs de l'
ONU qui étaient chargés de surveiller un cessez-le-feu jamais appliqué.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé à un soutien international "fort, clair et unifié" à Lakhdar Brahimi alors que les divisions persistantes des grandes puissances sur le dossier syrien avaient conduit
Kofi Annan à jeter l'éponge le 2 août.
Des combats près de Damas
Sur le terrain, des combats ont éclaté vendredi près de l'aéroport militaire de Mazzé, dans la banlieue ouest de
Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), preuve d'une résistance rebelle dans la capitale malgré les nombreux communiqués des autorités assurant que la ville avait été "nettoyée des terroristes".
Plusieurs quartiers du sud de
Damas ont également été bombardés par l'
armée, d'après l'OSDH qui rapporte la
mort de 72 personnes, dont 43 civils, pour vendredi.
A Alep, insurgés et forces armées se livraient toujours bataille pour le
contrôle de cette ville stratégique située à 355 km au nord de
Damas et proche de la frontière turque, en proie à des combats depuis près d'un mois.
Plusieurs quartiers où les rebelles sont retranchés étaient bombardés tandis que des combats se déroulaient dans d'autres secteurs de la métropole, selon l'OSDH qui tire ses informations d'un
réseau de militants et de témoins.
Tensions accrues au Liban
Comme tous les vendredis depuis le début de la révolte il y a 17 mois, des manifestations ont été organisées, malgré la répression, un peu partout en
Syrie sous le slogan "avec une Armée syrienne libre (ASL) unie, la victoire est assurée", en référence aux insurgés qui combattent les troupes du régime.
Dans les provinces d'Alep (nord), en partie sous
contrôle rebelle, et de Deraa (sud), foyer de la révolte, des "manifestations massives" ont eu lieu pour réclamer le
départ du président
Bachar al-Assad, selon l'OSDH.
Dans la ville d'Idleb, les forces de l'ordre ont encerclé les mosquées pour empêcher les fidèles de défiler dans la rue, selon l'OSDH.
Les violences en
Syrie, qui ont fait plus de 23.000
morts en 17 mois, font de plus en plus craindre une propagation du conflit au Liban voisin où des dizaines de Syriens et deux Turcs ont été enlevés cette semaine par des hommes armés chiites en représailles aux rapts de certains de leurs coreligionnaires en
Syrie.
L'ambassade américaine à Beyrouth a fait état de "menaces d'attaques accrues
contre les citoyens américains au Liban" et la Turquie a appelé ses ressortissants à ne pas se rendre au pays du Cèdre, peu après des appels lancés par cinq monarchies du Golfe, dont l'Arabie saoudite, qui ont demandé à leurs ressortissants de quitter le Liban.
Allié de l'Iran et du régime syrien, le chef du Hezbollah chiite libanais, Hassan Nasrallah, a déclaré que son mouvement armé n'avait "pas pu contrôler les réactions" des preneurs d'otages chiites au Liban. Le Hezbollah a été accusé par Washington de jouer "un rôle central" dans la répression en
Syrie.
Une diplomatie divisée
Preuve des divergences persistantes au sein de la communauté internationale, une réunion à l'
ONU du groupe d'action international sur la
Syrie a été boudée par les Occidentaux et annulée vendredi par Moscou. Alliés de
Damas, les Russes avaient appelé à une telle réunion après la décision du Conseil de sécurité de mettre fin à la mission de supervision des Nations unies en
Syrie (Misnus).
"A ce stade, on ne voit pas bien l'intérêt d'une telle réunion: les divisions sont si fortes qu'il n'y a aucune chance pour que ce groupe d'action international trouve un accord politique sur la
Syrie", a expliqué un diplomate à New York.
Principal allié régional de
Damas, Téhéran a pour sa part annoncé avoir accepté une proposition du président égyptien Mohamed Morsi pour la création d'un groupe de contact sur la
Syrie avec l'Egypte, l'Iran, mais aussi l'Arabie saoudite et la Turquie, deux pays qui soutiennent les insurgés.
Achevant en Turquie une tournée régionale qui l'a conduit en Jordanie et au Liban, trois pays accueillant des dizaines de milliers de réfugiés syriens, le chef de la diplomatie
française Laurent Fabius a haussé le ton
contre Bachar al-Assad, le qualifiant de "bourreau" et espérant que son régime serait "abattu rapidement".
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La rédaction