Par Jean-Pierre Anselme
Les 8 000 mineurs des Asturies, Léon et Aragon sont en grève illimitée, depuis le 31 mai. Le gouvernement veut supprimer 63% des aides publiques au secteur minier, ce qui équivaut à la mise à mort immédiate et sans alternative de cette industrie et de ces 30 000 emplois directs et indirects. Appel de soutien (à signer) lancé par des intellectuels espagnols...
Les mineurs des Asturies, d'Aragon et de Léon viennent d'entamer une « Marche noire » qui devrait arriver à Madrid le 11 juillet. Depuis un mois, les occupations des places des grandes villes asturiennes, des lieux de pouvoir, comme le siège du Conseil provincial de Léon, se multiplient.
Le 18 juin, les deux principaux syndicats espagnols, UGT (Unión General de Trabajadores) et CC.OO (Confederación Sindical de Comisiones Obreras), ont appelé avec succès à une journée de grève générale dans les régions minières touchées par les mesures du gouvernement, en Castille, Andalousie, Aragon et en Asturies. Avec l'appui des travailleurs d'autres secteurs (des enseignants, des ouvriers des chantiers navals et surtout des travailleurs des transports) près de 15 000 mineurs ont manifesté dans les rues de Léon, tandis qu'ils étaient 50 000 à occuper les rues d'Oviedo, la principale ville des Asturies.
Mmineurs affrontant la police avec des lance roquettes artisanaux. |
« Nosotros no estamos indignados, estamos hasta los cojones ! » (« Nous ne sommes pas des indignés, nous en avons plein les couilles ! »). Un slogan des mineurs en grève qui exprime leur détermination, une manière aussi de se démarquer d'une certaine « naïveté » des Indignados face à un pouvoir qui plonge sans état d'âme l'Espagne dans l'austérité néolibérale. L'appel de soutien aux mineurs lancé le 27 juin par des intellectuels et artistes espagnols n'en a que plus de poids.
APPEL DE SOUTIEN
À LA LUTTE DES MINEURS ESPAGNOLS
(À signer via cette adresse : yoapoyoalamineria@gmail.com)
Marche nocturne des mineurs à Léon, le 12 juin. |
L’impact de ce combat est en train de susciter une solidarité qui s’étend à tous les secteurs et dans toutes les régions. Il inspire tous ceux et toutes celles qui luttent en ce moment pour s’opposer aux attaques incessantes contre les droits sociaux et les droits des travailleurs.
Il faut résoudre les problèmes des bassins miniers et il faut commencer à les résoudre dès maintenant, avec des objectifs à court et moyen terme. A court terme, il est nécessaire de défendre tous les emplois pour éviter l’aggravation de la tragédie sociale que subissent depuis des années les familles des travailleurs dans ces régions. A moyen et long terme, il est nécessaire d’avancer des alternatives d’emploi réelles dans les secteurs énergétiques non polluants qui permettent de sortir de la crise sans hypothéquer l’avenir des travailleurs.
Au cours de ces dernières années de reconversion, les fonds publics destinés à cette fin ont été dilapidés et utilisés au profit d’une petite minorité. Mener une enquête sur leur affectation précise et établir les responsabilités, c’est le premier pas nécessaire afin d’ouvrir un véritable processus qui impulse un nouveau modèle productif, généré et contrôlé par ceux et celles d’en bas. Un nouveau modèle productif qui soit au service des besoins sociaux de la majorité et respectueux envers notre planète.
Tandis qu’ils sauvent les banques et les banquiers, l’austérité retombe sur les épaules des travailleurs qui se voient forcés de lutter pour défendre leur avenir. Les mineurs nous montrent le chemin que doivent suivre les autres secteurs en lutte. Nous voulons leur exprimer notre soutien et nous lançons un appel pour élargir leur exemple. Il en va de notre avenir.
PREMIERS SIGNATAIRES : Alfonso Sastre, écrivain et dramaturge, Willy Toledo, acteur, Eva Sastre Forest, éditions Hiru, Rafael Xambó, professeur de sociologie, Université de Valencia, Carlos Gómez Gil, sociologue et professeur de l’Université d’Alicante, José Ramón González Parada, sociologue et directeur de la revue Esbozos, Salvador López Arnal, collaborateur à Rebelión et El Viejo Topo, Jerónimo Aguado Martínez, paysan, Juan Ramón Capella, professeur de philosophie du droit, de morale et de politique, Miguel Riera, directeur de El Viejo Topo, Joxe Iriarte Bikila, écrivain et membre de Gorripidea, Santiago Álvarez Cantalapiedra, directeur de la revue Papeles de relaciones ecosociales y cambio global, Olga Rodríguez, journaliste et écrivaine, María Trinidad Bretones, professeure d’économie, Université de Barcelone, Esther Vivas, activiste et journaliste, Santiago Alba Rico, essayiste et philosophe.
Source Mediapart
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La rédaction