lundi 9 avril 2012

Les dessous du printemps arabes

 Dr Elie HADDAD, Président RPL France :: Il est clair que le changement de plusieurs régimes dans la région et la chute des dictatures étaient devenus vitaux et indispensables ; Il est clair aussi que la volonté des peuples et leur avidité pour une nouvelle vie et une démocratie étaient là et il fallait y répondre. Mais est-il légitime et vrai de résumer que tous ces mouvements, souvent militaires, étaient uniquement le fait du peuple aidé généreusement par quelques rois du pétrole à l’âme sensible et les gouvernements occidentaux subitement décidés à mettre en application les chartes des Droits de l’Homme et du Citoyen ? Dans ce jeu, plusieurs acteurs, régionaux et internationaux (autre que les peuples), sont concernés et le mènent de façon ciblée, mais chacun d’eux défendant ses intérêts : Les occidentaux (et à leur tête les états unis) : qui sont embarqués dans les marais de la région depuis 2001 (voire depuis 1990) et essuyent échec sur échec. La campagne de l’Afghanistan n’est pas finie mais ne parait pas se diriger vers une victoire, tandis que la campagne de l’Irak est presque terminée et les GI’s prévoient déjà leur sortie par la petite porte. Leur souci principal reste la main mise sur le pétrole (en plus de la sécurité d’Israël). Par ailleurs, leur santé économique et financière passe par des moments dangereux et des dévaluations jamais vécues auparavant. Ils ont certainement quelques visées jalouses sur les pays dites du BRICS qui semblent être en meilleur santé. Israël : ce pays qui n’arrive pas à s’imposer dans son milieu et refuse, en même temps, tout les plans de paix pour garder une supériorité militaire hégémonique. La guerre du Liban en 2006 l’a profondément atteint et a ébranlé beaucoup de ces certitudes, piliers de son existence (comme le mythe de l’armée israélienne invincible, la sécurité de ces territoires,..). L’islamisme : un mouvement crée dans les débuts du 20ème siècle en Egypte sur les ruines de l’empire ottoman où le dernier « califat » musulman a été destitué par Ataturk. Ce mouvement, depuis, rêvait de réinstaurer ce califat et redonner aux musulmans leur empire déchu. Les membres de ce mouvement sont passés par des moments difficiles, interdits, persécutés et emprisonnés. Les dictatures arabes : Ces régimes ont profité de la pression israélienne d’un côté et de la « peur » du géant musulman de l’autre pour bâtir des régimes militaires bien verrouillés. Ils ont profité de la tolérance américaine vis-à-vis de leurs dictatures mais, en contre partie, ils devaient assurer la sécurité d’Israël. Ce fut le cas pendant de longues décennies jusqu’au moment où ces régimes se sont rongés de l’intérieur (le dictateur qui veut passer le trône au fils, les corruptions,..) et commençaient à constituer plutôt un danger qu’autre chose. Beaucoup d’analystes ont abondé dans la description du « Big Deal », sorte d’accord tacite entre les trois premiers qui redistribue les cartes comme suit : le pétrole aux US (et alliés), la sécurité à Israël et le pouvoir aux islamistes. Nous ne pouvons certainement pas confirmer à cent pour cent la présence de cet accord, mais la suite des évènements rend ce scénario parfaitement plausible. En somme, dire que la thèse du complot est la seule valable est une erreur. Par contre, attribuer les changements de régimes à la volonté populaire seule est certainement insuffisant et irréaliste. Il faut croire que le plan a été mis en place depuis des années (probablement depuis 2002 et le « Nouveau Moyen Orient » de Mme Rice), mais son application n’a pu commencer qu’après avoir assuré les conditions de sa réussite, profitant de la misère et de la colère de la population avide de retrouver un avenir meilleur. Malheureusement, si ce scénario était vrai, nous sommes en droit de nous poser des questions sur la stratégie de l’occident qui fait et refait les mêmes erreurs, cet occident qui pense jouer avec le feu pour brûler son adversaire, mais qui devient rapidement un grand brûlé lui-même victime du même feu. Rappelons-nous feu Mr Ben Laden qui a été, avec ses troupes, utilisé pour battre les soviétiques en Afghanistan, mais qui s’est rapidement retourné contre eux par la suite. Il est temps que le monde occidental apprenne de ses erreurs et évite de tomber dans les mêmes pièges. Plus tard sera certainement trop tard. Dr Elie HADDAD, Président RPL France elie.haddad@rplfrance.org

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