lundi 2 avril 2012

Ben Laden a bénéficié de complicités pakistanaises depuis 2001

Ben Laden a bénéficié de complicités pakistanaises depuis 2001:
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Des preuves nouvelles viennent d’émerger qui prouvent que Oussama Ben Laden est passé de planques en planques au Pakistan après les attentats de 2001.
Aucune preuves, cependant, ne viennent confirmer que le Président Asif Ali Zardari, ou son prédécesseur Pervez Musharraf étaient au courant, affirment plusieurs officiels américains du contre-terrorisme.
Les témoignages de la plus jeune veuve du terroriste, Amal Ahmad Abdul Fateh, qui décrit les déplacements de Ben Laden jusqu’à 2005, date à laquelle il s’installe définitivement à Abbottabad sont « très plausibles », déclare lundi 2 avril un officiel US. Et les nouveaux détails publiés par les autorités Pakistanaises la semaine dernière, concernant la vie de Ben Laden en cavale, laissent supposer qu’il a bénéficié de l’aide de complices dans les services de sécurité pakistanais pour passer sous les radars des autorités du pays pendant bien plus longtemps que supposé jusque là.
Selon Fateh, Ben Laden et sa famille ont emménagé à Haripur en 2003, une petite ville proche d’Islamabad, où ils ont vécu pendant deux ans avant de déménager pour Abbottabad. Pendant la période ou Ben Laden a vécu en dehors du Pakistan, Musharraf menait une guerre contre al Qaida, et c’est avec l’aide du Pakistan que la CIA a pu faire tomber Khalid Sheikh Mohammed, le cerveau auto-proclamé des attentats du 11 septembre, pendant que l’armée pakistanaise menait une campagne souvent brutale à la frontière Nord-Ouest du pays contre al Qaida et d’autres groupes terroristes affiliés.
Selon les officiels US du contre espionnage, aucun des documents, disques durs, clefs USB et ordinateurs saisis lors de l’assaut contre la dernière cache de Ben Laden ne suggère que ni Musharraf, qui était président de 2001 à 2008, ni d’autres leaders pakistanais savaient où se trouvait le terroriste.
Opinion nuancée par Bruce Hoffman, directeur du centre d’études sur la paix et la sécurité à l’Université de Georgetown. « Beaucoup étaient en désaccord avec la décision de Musharraf de s’aligner avec les Etats Unis contre al Qaida après le 9/11 », explique Bruce Hoffman. Aussi explique-t-il que les rapports entre Ben Laden et les militaires et l’Etat Pakistanais étaient « un secret bien gardé, probablement même de sa famille proche ». « Ce n’était peut-être pas visible dans les papiers qui ont été retrouvés à Abbottabad, explique Hoffman, mais sa survie imposait de protéger ces agents d’Etat ». Le Pakistan étant engagé auprès des Etats Unis contre al Qaida, toute aide de Ben Laden était fortement risquée, et « il aurait été étonnant que la propriété de Ben Laden sur ces maisons fût connu des hauts responsables du gouvernement, mais il est certainement plausible que certains éléments, ou des personnes au sein du gouvernement, aient été au courant » déclare Ken Wainstein, un ancien procureur général adjoint pour la sécurité nationale entre 2006 et 2008. Wainstein ajoute « Il est bien connu qu'il y a des gens, dans le gouvernement Pakistanais, qui ne partagent pas la politique du Pakistan contre le terrorisme ».  
De plus, rappelle Maru Habeck, qui travaillait comme planificateur stratégique sur le dossier Al-Qaïda pour le Conseil national de sécurité pendant le second mandat du Président George W. Bush : « Le fait que Al-Qaïda ait lancé un fatwa pour tuer Musharraf et combattre son armée me dit que les plus hauts niveaux de la direction politique du Pakistan et de l'armée pakistanaise n'étaient pas au courant de l'emplacement de Ben Laden ». 
« Je pense que la chose importante est de rechercher qui Al-Qaïda ne condamnait pas dans ses déclarations. Ils condamnaient l'Etat pakistanais, le gouvernement pakistanais et l'armée, mais ils ne disaient absolument rien au sujet de l'ISI, les services de renseignement du Pakistan, jusqu'à 2007 » ajoute Habeck.
2007 a été une année critique. En juillet, l'armée pakistanaise s’est lancée dans un long bras de fer contre les militants islamistes de la Mosquée rouge, à Islamabad, qui est devenu un moment de galvanisation politique pour Al-Qaïda et ses sympathisants. Le groupe terroriste a alors utilisé le siège de la mosquée comme justification d’attaques spectaculaires contre l'armée pakistanaise. L'été 2007 a également marqué le point à partir duquel l'armée a signé la plupart de ses accords de paix avec les chefs tribaux locaux, dans les provinces du Nord-Ouest, qui avaient été, dans le passé, hospitaliers à Al-Qaïda et aux talibans pakistanais.
Cette même année, la CIA a commencé à s’investir massivement dans une aile plus pro-américaine de l'ISI, connue sous le nom T-Wing. Pendant des années, la S-Wing de l'ISI avait travaillé en étroite collaboration avec les militants islamistes au Cachemire et en Afghanistan. En 2007, la CIA commença à changer fondamentalement sa relation avec la direction de l'ISI, en se concentrant plus étroitement sur la T-Wing, qu’il a contribué à créer.
« Nous avons toujours voulu que les Pakistanais en face plus, et qu’ils nous permettent de faire plus », a déclaré Juan Zarate, qui a servi comme conseiller national adjoint de la sécurité pour la lutte antiterroriste à la Maison Blanche pendant le mandat du Président Bush. « Dans nos relations avec eux, nous avions les yeux grands ouverts. »
Mais Zarate a également déclaré que les nouvelles informations de Fatah « suggèrent que les plus hauts niveaux du gouvernement pakistanais étaient au courant des allées et venues de Ben Laden, et ont conclu un accord pour le cacher. »
« C’est exaspérant et frustrant », a déclaré Zarate, en prenant connaissance du rapport de Ben Laden sur ses différentes planques. « Il ne met en cause ni la compétence, ni la complicité d'éléments au sein de l'Etat pakistanais. La question de savoir si ou non Musharraf savait où se trouvait [Ben Laden] est une autre affaire ».
Une des autres raisons pour laquelle Zarate ne pense pas que Musharraf était informé des résidences secrètes de Ben Laden, c'est que par deux fois al-Qaïda a failli réussir à assassiner l'ancien président pakistanais. Une première tentative est intervenu le quatrième jour du siège de la Mosquée rouge, lorsque des militants ont tiré sur l'avion de Musharraf quand il a décollé de la ville militaire de Rawalpindi.
« Cette histoire sent tellement mauvais, conclut Zarate, qu’elle va encore creuser le fossé de la défiance entre les deux pays. Quelles que soient les conclusions des analystes techniques, le peuple américain va considérer que les Pakistanais, au minimum ne faisaient pas leur travail et, au pire, ont été complices. Et cela ne fait pas d’eux un bon allié »
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© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info et source citée.


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