lundi 26 mars 2012

Libre, le blogueur Maïkel Nabil découvre la nouvelle Egypte

Libre, le blogueur Maïkel Nabil découvre la nouvelle Egypte:

Maïkel Nabil à sa sortie de prison le 24 janvier 2012
A quoi peut bien penser Maïkel Nabil en découvrant, après presque un an passé sous les verrous, l'Egypte post-Moubarak ? Arrêté le 28 mars 2011 (voir une note de blog précédente) puis condamné à deux ans de prison pour avoir, selon les charges retenues contre lui, insulté l'armée et diffusé de fausses informations à son sujet dans une note de blog, le blogueur copte égyptien a été libéré mardi 24 janvier. Sa libération a été annoncée par son frère Mark dans un tweet. Le blogueur serait "fatigué" par de longs mois de détention dont certains passés en grève de la faim en signe de contestation de sa condamnation.
Sa libération avait été annoncée samedi par une source au sein de la justice militaire. Le blogueur a bénéficié, tout comme 1 959 autres détenus, de la grâce décrétée par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) à l'occasion du 1er anniversaire de la révolte en Egypte. Il aura ainsi une nuit pour se reposer avant d'aller célébrer l'an I de la révolution.
Mais, aura-t-il vraiment le cœur à célébrer une révolution qui a amené au pouvoir, même de façon annoncée comme transitoire, ceux qui l'ont jeté en prison ? Pour une note de blog où il avait osé dire que l'armée protégeait ses propres intérêts et non ceux du peuple égyptien.
Son arrestation avait provoqué un tollé à l'étranger. En Egypte, les jeunes révolutionnaires n'ont cessé de protester contre les arrestations et procès militaires infligés par l'armée à des milliers de civils, inculpés pour agression ou viol, mais aussi insultes envers des généraux au pouvoir. Le procès intenté à Maïkel Nabil pour délit d'opinion n'est pas un cas isolé. Alaa Abdelfattah, un autre blogueur et militant, a lui aussi été détenu pendant deux mois. Ce dernier était accusé d'avoir incité à la violence le 9 octobre, lorsqu'une manifestation de coptes protestant contre l'incendie d'une église qui a dégénéré en affrontements avec l'armée et les forces de l'ordre.
"RIEN N'A CHANGÉ"
Leur libération ne sera certainement pas suffisante à apaiser les craintes des révolutionnaires du 25 janvier. Nombreux sont ceux, à l'instar de l'auteur du blog Just an Egyptian, à envisager l'avenir avec pessimisme. Le pouvoir militaire suscite encore la défiance. Certains craignent déjà que les Frères musulmans, qui ont remporté une écrasante victoire aux législatives, pactisent avec l'armée pour pouvoir gouverner sans entraves.
"A mesure que le second 25 janvier approche, nous réalisons que rien n'a changé mais qu'en fait, tout est pire. Les blogueurs sont emprisonnés, les militants sont torturés, enlevés ou assassinés, les révolutionnaires sont pointés du doigt comme des traîtres et des voyous", note le blogueur. La portion congrue dévolue aux représentants des révolutionnaires du 25 janvier dans l'Assemblée du peuple nouvellement élue, face à des formations islamistes omniprésentes, traduit en effet le fossé qui s'est creusé entre les jeunes du 25 janvier et le peuple égyptien.
"Il est aujourd'hui clair qu'aucune des demandes de la révolution n'a été réalisée, si ce n'est le départ de Hosni Moubarak. Aucune des demandes pour du pain, de la liberté, de la justice sociale et pour la chute du régime n'a été réalisée", poursuit-il. Les jeunes du 25 janvier se sont à nouveau donné rendez-vous pour le premier anniversaire de leur soulèvement. Mais, ils sont plus que jamais divisés entre partisans de la poursuite de la révolution et partisans de la réforme.

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