Tunisie : les 100 jours d'Ennhada
Alors que les révoltes arabes se poursuivent en Syrie, Ennhada, le parti islamiste vainqueur en Tunisie fête ses 100 jours et prépare la constitution.
Ennhada et la Tunisie
Il y a eu le temps des projecteurs, et puis il y a le temps du travail. La Tunisie n'est plus en première page des journaux. A présent, le gouvernement doit relancer le pays, la politique et surtout l'économie. Ennhada veut créer 40.000 emplois et atteindre une croissance de 3.5% pour 2012, mais aujourd'hui la seule chose qui monte en Tunisie, c'est le salafisme et l'islamisme.
Tunisie : Ennhada et la "gauche"
Avec 89 sièges sur 217 à l'Assemblée constituante, remportés lors des élections du 23 octobre 2011, le parti islamique Ennahda, interdit sous le régime de Zine el-Abidine Ben Ali, imprime sa marque aux débats sur la future Constitution et domine le gouvernement de coalition qu'il a formé avec deux autres partis. A noter : ces partis sont dits de gauche par les médias, est-ce qu'en Tunisie aussi, la "gauche" est l'alliée des islamistes ? Ou bien est-ce que "gauche" ne veut plus rien dire ?
Tunisie : Ennhada et la charia
Enfin, les grands médias ont aussi beaucoup glosé sur une prétendue ouverture d'Ennhada, en affirmant que ses membres ne souhaitaient pas la charia pour la Tunisie. Ils confondent sans doute le fait de souhaiter quelque chose et le fait d'en avoir la capacité à un moment donné. Ennhada le souhaite. Pour preuve, en séance plénière, le 28 février, le chef du groupe parlementaire d'Ennahda avait proposé que le "système des valeurs islamiques" devienne l'une des "trois principales références" de la future Constitution, ajoutant que celle-ci "ne [devrait] pas contenir des dispositions contraires au Coran". Le "système des valeurs islamiques", en clair la charia – dit avec de jolis mots. Le député Sadok Chourou ajoutait encore que "les législateurs devront se référer à trois piliers essentiels : le Coran, la Sunna et un conseil d'oulémas". Le même élu avait suscité une polémique – une polémique seulement -, le 23 janvier, en appelant à punir les grévistes "de mort, par crucifixion, démembrement ou bannissement". On appréciera les détails qui ailleurs auraient illico fait exclure le député en question de son parti, au minimum.
Les intentions d'Ennhada sont claires mais, pas encore assez fort, le parti islamiste a finalement annoncé son soutien au maintien de l'article premier de la Constitution tunisienne de 1959. Ce n'est pas encore précisément la charia, mais l'article premier consacre l'islam en Tunisie : "La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain : sa religion est l'islam, sa langue l'arabe et son régime la république". Un article qui ne signifie pas grand-chose sauf qu'on y retrouve l'islam et l'arabe, et tant pis pour les autres.
La Tunisie n'a donc pas bougé d'un pouce, mais Ennhada est au pouvoir et les salafistes, en son sein comme au sein de la société tunisienne, vont continuer à pousser.
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© Misha Uzan pour www.Dreuz.info et citizenkane.fr
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La rédaction