mercredi 9 janvier 2013

Barack Obama est-il antisémite ?

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Un chroniqueur de The American Spectator, magazine américain conservateur, Quinn Hillyer, l’affirme : Obama est antisémite. Il note, à l’appui de son affirmation, les vingt années passées par Barack Obama auprès de Jeremiah Wright, le pasteur indéniablement antisémite de la Trinity United Church of Christ de Chicago, qui a été son « guide spirituel » pendant plus de vingt ans, et qui ne pouvait prononcer un sermon du dimanche sans s’en prendre au « pouvoir juif » ou aux « hymies ».

Il note aussi l’amitié de Barack Obama pour des gens tels que Rashid Khalidi, Ali Abunimah ou Louis Farrakhan, le dirigeant de The Nation of Islam, un homme qui déclarait, voici quelques années que Hitler était l’un des plus grands et des plus admirable personnages politiques du vingtième siècle. Il répondait d’emblée à ceux qui citaient la présence de Juifs de gauche au sein de l’entourage d’Obama, qu’être Juif n’empêchait pas l’antisémitisme : une longue lignée de Juifs antisémites peut se trouver tracée qui commence avec Karl Marx, se poursuit avec Bernard Lazare en France (avant que celui-ci prenne conscience de certaines choses lors de l’affaire Dreyfus), et avec des gens tels que Norman Finkelstein ou Shlomo Sand aujourd’hui. On pourrait ajouter à la liste des Juifs qui, sans être antisémites, sont méprisants vis-à-vis des autres Juifs, tels Hannah Arendt qui, en son temps, s’est révélée l’une des plus pernicieuses ennemies d’Israël et a beaucoup œuvré pour les gauchistes « anti-sionistes ».

Je n’affirmerai pas quant à moi qu’Obama est antisémite, et je préférerai dire qu’il a beaucoup d’affection pour les Juifs antisémites, qui lui permettent de dire qu’il n’est pas antisémite, et qu’il a par exemple, nommé à la Cour Suprême une personne juive (Elena Kagan), qui se trouve par ailleurs être une antimilitariste très à gauche et très hostile à Israël, et eu pour Chief of Staff à la Maison Blanche un homme qui a vécu en Israël, Rahm Emanuel, qui n’en est pas moins un apparatchik sans scrupules du parti démocrate, sans plus aucun lien avec Israël. C’est cette affection pour un certain type de Juifs qui anesthésie les Juifs américains qui votent Obama et ne voient absolument pas en quoi Obama est dangereux.

Dès lors qu’ils ne voient pas en quoi Obama est dangereux, ils ne devraient pas voir le moindre signal de danger dans les nominations qu’Obama est en train d’effectuer pour composer l’équipe de politique étrangère de sa deuxième administration. Cette composition est, pourtant très intéressante.


Keith Ellison, premier musulman élu au Congrès, a demandé à prêter serment sur le Coran

La première personne nommée a été John Kerry, qui va devenir Secrétaire d’Etat en remplacement d’Hillary Clinton. Et John Kerry semblera un simple démocrate bon teint, jusqu’au moment où on regardera ses activités passées concernant le Proche-Orient ces dernières années. John Kerry a travaillé régulièrement depuis 2009 avec Keith Ellison, membre de la Chambre des représentants venu du Minnesota, premier musulman élu au Congrès, et première personne à avoir demandé de prêter serment sur le Coran lors de son entrée en fonction (il n’a pu le faire, mais a posé ensuite pour les photographes, la main sur un Coran relié cuir). John Kerry et Keith Ellison se sont rendus ensemble à Gaza, après l’opération Plomb durci aux fins d’examiner les « dégâts provoqués par Israël » d’évaluer la « situation humanitaire ». Ils ont, bien sûr, rencontré des représentants du Hamas. Les déclarations de Kerry et Ellison à leur retour aux Etats-Unis ont été dévastatrices pour la réputation d’Israël, et ont fait l’objet de louanges de la part de la branche américaine des Frères musulmans, le Council on American Islamic Relations. John Kerry a aussi, à partir de 2009, noué des relations étroites avec le régime Assad en Syrie, s’est déclaré « admirateur des accomplissements » de Bachar Al Assad, ce, jusqu’en avril 2011, puisque l’expression figure dans un discours prononcé devant le Carnegie Endowment for International Peace à ce moment. En 2010, Kerry a adressé une lettre d’appui au mouvement gauchiste « pro-palestinien » Code Pink qui voulait se rendre à Gaza et rencontrer lui aussi des dirigeants du Hamas, et cette lelttre a été utilisée pour faciliter le voyage de Code Pink vers Gaza depuis Le Caire. Je pourrais ajouter diverses activités de Kerry en faveur du Pakistan, de l’Iran ou du régime Chavez au Venezuela, mais je n’entends pas écrire une biographie détaillée de ce brave homme. Je dirai juste que John Kerry sera pire, bien pire qu’Hillary Clinton, et qu’il est porteur de sympathies certaines, qui ne sont pas des sympathies envers Israël, et pas vraiment des sympathies envers la liberté.



La deuxième personne nommée est John Brennan, un ancien de la CIA, qui va devenir, précisément, directeur de la CIA, et avec lui, l’agence de renseignement américaine sera en de bonnes mains, aux yeux du CAIR tout au moins, dont John Brennan est très proche. John Brennan a été le tsar d’Obama pour les questions de terrorisme ces quatre dernières années. C’est un homme qui n’a cessé de trouver toutes les qualités à l’islam à chaque fois qu’on lui en a parlé, qui lorsqu’on lui a demandé quelle était sa ville préférée parmi toutes les villes du monde musulman qu’il avait visitées a répondu Al Quds (le nom islamique de Jérusalem). C’est grâce à lui aussi que les auteurs de tentatives d’attentats islamiques ou d’attentats islamiques réalisés aux Etats-Unis ont pu être considérés non pas comme des terroristes mais comme des criminels de droit commun, et c’est grâce à lui, par exemple que la tuerie de Fort Hood, commise au cri de « Allahu Akbar » par le major Hasan a été qualifiée d’ « accident sur le lieu de travail ». Je pourrais ajouter divers détails, mais je ne veux pas accabler cet autre brave homme. Je dirai juste que John Brennan sera pire, bien pire que ses prédécesseurs, et qu’il est lui aussi porteur de sympathies certaines. Je ne sais s’il se tourne cinq fois par jour vers La Mecque, mais il doit en avoir la tentation, et je doute qu’il ait la moindre sympathie envers Israël.

La troisième personne est, bien sûr, Chuck Hagel. Celui-ci a été sénateur jusqu’en 2009. Il siégeait alors sur les bancs républicains. Il appartenait à l’aile paléoconservatrice du parti républicain, aile heureusement minoritaire, très minoritaire, porteuse de tentations isolationnistes et de discours empreints d’hostilité envers Israël et, plus largement envers les Juifs. Si Chuck Hagel n’est, lui-même, pas antisémite, disons qu’il s’y est très bien pris pour frôler l’antisémitisme depuis plus de vingt ans et pour faire des remarques désobligeantes sur les « Juifs », sur leur poids financiers, sur leur emprise sur la politique américaine. Chuck Hagel a, par ailleurs, pris des positions très régulièrement favorables aux groupes terroristes islamiques et à la république islamique d’Iran, et très défavorable à Israël.

Quelques échantillons :
en 2000, Chuck Hagel a été l’un des quatre seuls membres du Sénat, démocrates et républicains confondus, à avoir refusé de signer une lettre de soutien à Israël, et le seul à clamer alors qu’il était sénateur des Etats-Unis et pas d’Israël. 
En juin 2004, il a été le seul sénateur à ne pas signer une déclaration commune incriminant les activités nucléaires iraniennes et demandant des sanctions contre l’Iran. 
En aout 2006, il a fait partie des douze sénateurs qui ont refusé de contresigner un courrier, signé par tous les autres sénateurs, républicains ou démocrates, demandant à l’Union Européenne de placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, et il a été le seul sénateur à faire une déclaration disant que le Hezbollah était aussi un mouvement politique légitime au Liban. 
En 2007, il a été le seul sénateur républicain à avoir refusé de voter une motion de soutien à Israël au sein du Congrès, et il a déclaré alors que le problème n’était « pas le terrorisme », mais le fait que « les Palestiniens avaient été enchaînés par les Israéliens ». 
En juin 2008, il a signé avec John Kerry une tribune publiée dans le Wall Street Journal dans laquelle ils affirmaient tous deux leur appui au régime Assad. 
En mars 2009, il a été à l’initiative d’une lettre signée par neuf autres éminences au passé suspect, telles Brent Scowcroft ou Zbignew Brzezinski, demandant à Barack Obama de reconnaître le Hamas et d’entamer, sans préalable, des négociations avec celui-ci. 

Je pourrais en ajouter des pages et des pages encore. Mais je ne veux pas accabler un homme qui a tout à fait sa place dans la Maison Blanche d’Obama. Dois-je dire que si sa nomination est entérinée, il sera pire, bien pire que ses prédécesseurs, et qu’il est lui aussi porteur de sympathies certaines ? Et il veut maintenant se présenter comme un ami d’Israël ? Il devrait se reconvertir dans l’humour noir, il y aurait une carrière prometteuse, et il aura l’avantage d’y être moins nuisible.

Quelques Juifs américains voient du danger dans les nominations effectuées par Obama. Certains, même, parmi ceux qui ont appelé à voter Obama (ainsi Alan Dershowitz et Ed Koch), mais la plupart ne voient toujours pas en quoi Obama est dangereux. Certains, mêmes, tels Thomas Friedman, du New York Times, et Jeffrey Goldberg, de The Atlantic Monthly, appuient ces nominations, tout en se disant amis d’Israël ! Avec des amis comme ceux-là, qui a vraiment besoin d’ennemis, n’est-ce pas ? Thomas Friedman et Jeffrey Goldberg devraient envisager un voyage à Téhéran, ils rencontreraient d’autres gens qui se réjouissent des nominations effectuées par Obama, et je suis certain que le régime se ferait un plaisir de leur offrir le billet d’avion.

Que lire dans ces nominations, si on garde les yeux ouverts ?

Une orientation accentuée en faveur de l’islam radical, une quasi certitude que l’administration Obama accepte la nucléarisation de l’Iran, une quasi certitude que les pressions sur Israël vont s’accentuer et, ajouterai-je, une certitude absolue que des coupes drastiques dans les budgets militaires américains vont avoir lieu, ce qui donnera le champ libre à diverses dictatures et divers régimes autoritaires.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

PS Une note réconfortante pour finir. Obama vient de nommer une économiste française, Esther Duflo, pour prendre la tête du Global Development Council, institution chargée de veiller sur les « politiques des Etats-Unis en faveur du développement » dans les pays sous-développés. Elle fait partie de la mouvance d’économistes socialistes grâce auxquels nous avons en France le merveilleux gouvernement présent, et on comprend que, voyant prises des mesures qui multiplient les pauvres, Obama, qui entend lui aussi multiplier les pauvres, soit intéressé. Esther Duflo mène, grâce à ses idées, une brillante carrière aux Etats-Unis depuis des années, et elle a eu bien raison de ne pas choisir la pensée libérale classique, qui lui aurait assuré moins de débouchés. Ce qui a sans aucun doute intéressé Obama est aussi autre chose : Esther Duflo s’occupe du Poverty Action Lab, fondé au Massachusetts Institute of Technology, avec Abdul Latif Jameel, grâce à l’argent du père du monsieur, Mohammed Abdul Latif Jameel, un Saoudien multimilliardaire, et, accessoirement, financier, grâce à de soigneux montages, de la Benevolence International Foundation, l’une des organisation qui finance al Qaida. C’est excellent d’avoir des amis bien placés, et qui ont tout pour faire qu’Obama s’intéresse à vous.

Plus réconfortant encore : le prochain Secrétaire au Trésor sera Jack Lew, aujourd’hui Chief of Staff de Barack Obama : un homme très à gauche, qui a conduit toutes les manœuvres contre les Républicains au cours des négociations concernant la falaise fiscale, « fiscal cliff » : les dépenses et les déficits ne vont plus courir, ils vont galoper, les hausses d’impôts aussi. Le socialisme est en marche aux Etats-Unis. Ceux qui imaginent que l’Europe échappera au cataclysme peuvent continuer à rêver…

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