lundi 1 octobre 2012

Le déploiement de la fibre optique sur le territoire français




Article rédigé le 01/10/2012 à 17h03 par Charles Pietri






Le déploiement de la fibre optique sur le territoire peut-il se résumer à une simple division entre zones rentables et zones non rentables ? Et si la nuance se jouait uniquement sur la durée de rentabilité des différents territoires ? Les opérateurs télécoms auraient-ils une vision trop binaire de ce nouveau chantier ?


La déploiement de la fibre optique a été au cœur des préoccupations de deux événements de la semaine dernière. Que ce soit avec le colloque « Territoires du numérique » de l'ARCEP ou lors des conférences du salon Odébit, la constitution de ce nouveau réseau a a été au centre des discussions. Suivons quelques unes des pistes évoquées...


Une zone non rentable aujourd'hui peut-elle l'être demain ?

Le déploiement de ce nouveau réseau implique une profonde réflexion sur la gestion de notre territoire. Malheureusement, la vision des opérateurs nationaux reste plutôt binaire avec une simple division entre zones rentables et zones non-rentables. Cela donne l'impression que la rentabilité est un état de fait, qui ne peut absolument pas évoluer : une zone non rentable le resterait à tout jamais !


Or, il serait bien plus judicieux d'inclure une nuance de temporalité et de parler de zones rapidement rentables et de zones lentement rentables. En effet, on imagine mal que le déploiement dans les zones peu denses restent un investissement à perte jusqu'à la fin des temps. D'une part, les opérateurs transformeront les accès haut débit actuels en abonnements THD avec de la consommation de services supplémentaires à la clé. En outre, avec cette nouvelle distribution territoriale, il y a fort à parier que ces zones peu denses se densifieront au fur et à mesure.

Il faut prendre en compte la capacité de ses territoire à accompagner l'arrivée du très haut débit par de nombreuses initiatives. Dès lors, ces zones dites non rentables seraient en fait celles où le levier de croissance de la fibre optique serait le plus grand.

En oubliant cette simple division entre zones rentables et zones non rentables imposée par les grands opérateurs, on arrive à une vision beaucoup plus fine et sûrement plus exacte de notre géographie numérique. Nous avons donc des zones très denses où le déploiement demande moins d'investissement mais où la marge de croissance sera certainement assez limitée par rapport à la situation actuelle. Et nous voyons également deszones moins denses où le déploiement coûte plus cher et où le retour sur investissement sera plus long mais avec une progression plus forte.


Il faut élargir le débat !

La logique voudrait donc que les zones où le seuil de rentabilité serait plus long à atteindre soient les premières équipées. En effet, au plus vite nous aurons un retour à grande échelle de l'effet de levier créé, au mieux nous pourrons ajuster la politique d'aménagement numérique pour avoir un développement homogène sur le territoire.


Il faut abandonner cette vision qui oppose des zones supposées rentables et d'autres qui ne le seraient pas. Certes pour les opérateurs télécoms, certaines zones vont demander plus de temps pour être rentabilisées mais pour d'autres pans de l'économie, ce ne sera pas forcément le cas. Il faut sortir d'une simple logique télécoms et élargir les réflexions autour de la constitution de ce nouveau réseau dont le champ d'applications est immense.

Comme l'a rappelé Jean-Pierre Jambes au salon Odebit la semaine dernière :« La première killer app du FTTH n'est pas la TV 3D mais l'égalité numérique et la constitution d’une société augmentée pour construire un marché national. » Le très haut débit en zone rurale n'est peut-être pas rapidement rentable pour les acteurs télécoms mais il l'est certainement pour d'autres secteurs comme la santé, le tourisme, le transport, etc...

Cette nouvelle donne numérique ne doit pas être l'otage des seuls objectifs des FAI mais doit opérer une transversale à travers l'ensemble des acteurs de l'économie. On se prend donc à rêver d'un groupement France Fibre qui aille au-delà des fournisseurs d'accès à Internet pour mieux se rendre compte des enjeux colossaux de cet aménagement numérique.







Source : DegroupNews

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