Par Ridha Ben Kacem
Au lendemain de la performance de trois heures du général Rachid Ammar, durant la soirée du 24 juin 2013, sur Ettounisiya-TV, une première, un sentiment de malaise et d’inquiétude semble dominer, en Tunisie. Même s’il n’a réussi à convaincre, d’une manière générale, que 47 % des tunisiens, le général Ammar a injecté un sentiment d’alarme, chez tout de même, 61% des tunisiens. C’est ce que révèle un sondage d’opinions réalisé le lendemain de la surprenante émission TV, sans doute, la plus controversée de l’histoire des chaines de télévision tunisiennes. Le sondage a été réalisé durant la journée du 25 juin, auprès de 2710 personnes, selon la méthode des quotas.
Entre ceux qui sont pour cette intrusion impromptue, du général Ammar, dans leur quotidien, par écran de Tv interposé, et ceux qui sont contre, l’égalité l’emporte plus que tout. En effet, s’ils sont 40% à penser que le général avait choisi le bon tempo, pour s’exprimer et révéler des vérités, ils sont 43% à penser le contraire et qui ne semblent donc, pas avoir apprécié. Le reste des tunisiens, soit tout de même, 17%, ne se prononcent. Ce dernier taux est assez élevé et semble indiquer un sentiment de malaise, plus que tout autre chose.
Habitué au silence de leur institution militaire, les tunisiens lient généralement, ce silence, au « secret-défense ». Il n’est donc pas étonnant de voir que 81% des sondé penser que des raisons secrètes se cachent derrière la décision du général Ammar, de faire prévaloir ses droits à la retraite, qui avaient commencé à courir, dès 2006. Cela n’empêchera pas tout de même, 37% des sondés de faire le lien entre ce départ annoncé en direct à la TV, et des enjeux politiques en jeu, en ce moment même, sur la scène nationale, et leurs éventuelles répercussions sur le rendement et l’efficacité de l’institution militaire, dans son ensemble. Au moment où celle-ci est engagée dans une guerre sans merci, contre la menace terroriste qui guette le pays.
Il apparait donc, que contrairement aux politiciens, les tunisiens qui ont cru déceler des ambitions présidentielles derrière le départ à la retraite du général Ammar, ne sont de l’ordre que de 14%. Cela mérité d’être souligné. En effet, tout le monde croit parler au nom du peuple tunisien et, malgré les précautions d’usage que l’on doit observer, à la lecture des résultats d’un sondage d’opinions, l’on ne peut ne pas mettre en exergue ce décalage flagrant, entre ce que pense la classe politique et ce pensent les tunsiens.
Quant aux analystes et autres observateurs de la vie politiques tunisienne, beaucoup d’entre eux ont expliqué la décision du général Ammar de partir à la retraite, plutôt par des enjeux internationaux, que des raisons des raisons de politique interne. Les pressions internationales seraient devenues intolérables, à leurs yeux, ces derniers temps. Là aussi, majoritairement, les tunsiens ne sont pas d’accord. Ainsi, ils ne sont que 21% des sondés, à expliquer la décision du général Ammar, par des enjeux internationaux.
Quant à la position extrémiste de Mohamed Abbou de blâmer le général Ammar pour les déboires de jebal Châambi, seul 9% des tunisiens, se situent dans la même logique et associent ce départ à la retraite, avec ce qu’ils perçoivent comme l’échec actuel de l’armée, au Chaambi. Ces 9% de tunsiens espèrent sans doute, une amélioration notable de la situation sécuritaire, dans le pays, après le départ à la retraire, du général Ammar. Ont-ils tort ? Ont-ils raison ? Seul l’avenir nous le dira.
Plus éclairés que leurs élites, les tunisiens ont bien compris que des raisons tenues secrètes, se cachent derrière ce départ à la retraite, télé visuellement annoncé. Il faut le rappeler, ils sont en effet, 81% à penser et à croire que certaines raisons se cachent derrière le départ à la retraite du vieux Général, sans chercher à deviner lesquelles, sans doute, par respect, pour l’homme qui a tenu tête à tous les aléas, lors de la Révolution. Sans doute aussi, espèrent-ils que le Général dira plus, une fois qu’il aura remisé au placard, sa livrée de général et de chef d’Etat-major des trois armées. Attendons donc, que les explications nous soient fournies.
Par Ridha Ben Kacem le 26 juin 2013
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La rédaction