jeudi 4 avril 2013

Offshore Leaks – L’affaire Cahuzac plus grave que l’affaire Wikileaks


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Michel Garroté, réd en chef – L’Affaire Cahuzac (y compris le volet Offshore Leaks qui dispose de plus de 2,5 millions de documents concernant des sociétés offshore) est une affaire plus grave que l’affaire Wikileaks. Certes, les paradis fiscaux sont la conséquence inévitable du racket fiscal pratiqué dans des Etats comme la France. Cela dit, depuis 1981, les socialistes français n’ont cessé de planquer leur pognon dans les territoires français d’outre-mer et les départements français d’outre-mer ainsi que dans les paradis fiscaux des Caraïbes, Îles Caïman & Consorts.
Dans le cas de Cahuzac, l’affaire est d’autant plus grave que l’on ignore l’origine des 600’000 euros qu’il a caché en Suisse, puis à Singapour. Il s’agirait d’argent versé par l’industrie pharmaceutique. Il est vrai que Jérôme Cahuzac connaît très bien ce milieu pour avoir travaillé, de 1988 à 1991, au cabinet de Claude Evin, alors ministre de la Santé du gouvernement Rocard. Le 11 octobre 1993, Jérôme Cahuzac crée son entreprise de lobbying baptisée SARL Cahuzac Conseil. Sur son blog, il vient d’évoquer la création d’un compte il y a une vingtaine d’années. La création de son entreprise de lobbying et l’ouverture de son compte à l’étranger sont donc concomitantes (voir 1er lien vers source en bas de page).
Le Consortium international des journalistes d’investigation ICIJ, basé à Washington, dispose de plus de 2,5 millions de documents concernant des sociétés offshore (extraits adaptés ; voir 2ème lien vers source en bas de page). Avec ses partenaires travaillant dans près de 40 pays, il présente ce jeudi les premiers résultats de l’analyse de ces données. Obtenues sous forme informatique, elles occupent 260 Gigabytes, soit un volume 160 fois plus important que les câbles diplomatiques américains publiés par Wikileaks en 2010. Les Offshore Leaks contiennent également une quantité d’informations bien supérieure à toutes les fuites de données bancaires, passées ces dernières années de Suisse vers l’Allemagne ou la France.
Il y a plus d’un an, un paquet a été envoyé anonymement par la poste à une adresse en Australie. Le disque dur qui se trouvait à l’intérieur a ensuite été transmis à l’ICIJ. Les millions de données qu’il contenait – des contrats et des fax numérisés, des copies de passeports, des e-mails, de la correspondance bancaire et de nombreux autres documents – sont issus de deux sociétés spécialisées dans les domiciliations offshore : Commonwealth Trust Limited, à Tortola, dans les Îles Vierges britanniques ; et Portcullis Trustnet, basée à Singapour, qui est active dans une douzaine de juridictions, comme les Îles Cook, les Îles Caïman ou Samoa. Ces juridictions offshores comptent parmi les plus opaques du monde.
Depuis plusieurs mois, plus de quatre-vingts journalistes du monde entier travaillent sur cette gigantesque masse de données. Il s’agit notamment de décortiquer les montages financiers internationaux, souvent complexes, et de mettre en contexte ces informations. Les pistes à suivre son innombrables, car les données concernent environ 122’000 entités (sociétés, trusts, etc.). Celles-ci sont reliées à plus de 130’000 personnes dans 140 pays. Près de 12’000 intermédiaires ont contribué à créer ces entités, le plus souvent pour le compte de leurs clients. Une partie de ces sociétés offshore et de ces trusts a clairement servi à placer des avoirs à l’abri des autorités fiscales.
Plus de 35 médias de toute la planète dévoilent dès aujourd’hui leurs investigations sur les Offshore Leaks. En Suisse, trois journalistes ont eu accès à l’ensemble de ces données. De Genève à Saint-Gall, de Bâle à Lugano, les Offshore Leaks concernent environ 300 personnes et 70 sociétés (voir infographie). Parmi elles, une vingtaine de banques suisses et de nombreux intermédiaires financiers ont passé commande de milliers de sociétés offshores, destinées à abriter les comptes de leurs clients étrangers. L’UBS a ainsi ouvert au moins 2’900 sociétés dans une douzaine de juridictions, via Portcullis Trustnet. Le Crédit Suisse a fait de même en créant plus de 700 sociétés. Des e-mails internes montrent aussi comment la filiale du Crédit Suisse, Clariden Leu, a fait pression sur Trustnet pour créer de sociétés écrans si opaques qu’elles cachaient totalement l’identité de ses clients. Selon cet accord spécial, seul le nom de la banque était connu de Trustnet, et non celui du client.
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