Entre 6 et 8 milliards de dollars sont passés comme l'eau à travers les sables de Mésopotamie, en irriguant quelques jardins privés.
Les Etats-Unis ont "perdu" jusqu'à 8 milliards de dollars du budget alloué à la reconstruction de l'Irak, a annoncé le bureau des Sigir, inspecteurs généraux spéciaux pour la reconstruction de l'Irak. Cette information a été publiée dans un rapport sur les infractions commises dans le cadre du financement de la reconstruction irakienne par le gouvernement américain. L’estimation exacte du montant de la fraude reste inconnue.
Le rapport intitulé "Learning from Irak" (Les leçons de l'Irak) aborde en détails les dépenses réalisées pour les nombreux programmes de reconstruction de l'Irak. Les auteurs du rapport écrivent qu’"entre 2003 et 2012, les Etats-Unis ont dépensé 60,63 milliards de dollars pour le redressement de l'Irak".
Le Sigir Stuart Bowen remarque que, selon ses calculs, entre 6 et 8 milliards de cette somme avaient été perdus. Tout cet argent n'a pas pu être sauvé formellement à l'étape de l'attribution et l'identité des responsables de ce gaspillage n'a pas été déterminée.
Cette fraude pourrait être définie comme un "management inefficace" - par exemple, un travail honnêtement accompli, conformément au projet, dont personne n'avait besoin et n'ayant apporté aucune utilité – qui est une notion très difficile à interpréter du point de vue juridique.
Ce n'est pas un scoop. On ne vole jamais autant que pendant une guerre et la reconstruction qui s’ensuit. Souvenez-vous de l'argent injecté en Tchétchénie en 1996, lorsque certains quartiers de Grozny avaient été reconstruits trois fois en raison des "dommages pendant les combats".
L'Amérique ne fait pas dans la nouveauté. Par exemple, en automne 2011, la commission bilatérale du congrès en charge des contrats d'armement a publié le rapport d'analyse des dépenses pour les sous-traitants privés qui ont travaillé au profit du Pentagone en Irak et en Afghanistan. Bilan des courses : sur les 206 milliards de dollars, 31 à 60 milliards ont été gaspillés et l'estimation de la fraude directe dépasse 10 milliards de dollars.
C'était "l'âge de platine des mercenaires", qui gagnaient autrefois 1 000 à 2 000 dollars par jour passé en mission – ce qui profite aux "soldats en première ligne" des compagnies militaires privées. Difficile de s'imaginer combien touchait leur direction et combien d'argent passait sous la table.
Toutefois, le rapport des Sigir donne certains exemples édifiants. Comme pour la remise en état sommaire des communications près de Bagdad et d'Umm Qasr, réalisée la société Anham, qui avait inscrit dans son devis 80 dollars pour un coude de tuyau en plastique d’une valeur de 1,41 dollar. Et ce n'est qu'un exemple car les articles de ce genre représentent près de 40% de l'ensemble du contrat qui s'élève, excusez du peu, à 300 millions de dollars.
Les conclusions du rapport indiquent que le bureau des Sigir a découvert des devis injustifiés pour 640 millions de dollars et encore 973 millions de dollars qui auraient pu être dépensés "avec davantage d'efficacité".
Tout n'a pas été perdu : le bureau des Sigir a réussi à faire revoir un grand nombre de contrats qui n'avaient pas encore été menés à terme, ce qui a permis d'économiser 645 millions de dollars.
Une partie significative de cette économie – 508 millions de dollars – concerne un grand contrat pour la formation des forces de sécurité irakiennes, prise en charge par la compagnie militaire privée DynCorp.
De plus, suite aux vérifications de l'enquête, les sociétés prestataires devront se justifier pour 191 millions de dollars devant le tribunal.
Mais ce ne sont que des miettes – souvenez-vous de l'estimation de Bowen dans son rapport. Entre 6 et 8 milliards de dollars, soit 13% des fonds alloués qui ont disparu comme de l'eau dans le sable de Mésopotamie, sachant qu'une partie significative de cette eau a irrigué quelques jardins privés.
"Durant notre travail, nous étions constamment confrontés à une absence de notes et d'informations auprès de nos départements concernant les contrats et les dépenses", déplore Bowen, ajoutant qu'il ne fallait pas s'attendre à autre-chose avec une telle attitude envers l'audit des ressources humaines dont a fait preuve l'administration américaine.
"Nous ne connaîtrons jamais le montant exact de l'argent volé et gaspillé", a écrit l'inspecteur. Permettez-moi de terminer par ce truisme.
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction
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La rédaction