Bouleversé par les reportages télévisés, Djamel Amer al-Khedoud, un Français de 50 ans, a quitté Marseille (sud) pour aller combattre le régime en Syrie mais jouant de malchance, il a d’abord atterri dans une station balnéaire turque avant de terminer dans une prison en Syrie.
Portant une longue barbe blanche et vêtu d’une jellabiyé (robe masculine) grise, amaigri, cet homme, qui a enchaîné toute sa vie des petits boulots, a cru à 50 ans avoir découvert sa vocation: mener le jihad en Syrie.
« Je suis un musulman, un salafiste modéré, et comme tout le monde, je regarde la télévision. Sur (les chaînes arabes) Al-Jazeera et Al-Arabiya, j’ai vu ce que subissaient mes frères en Syrie, surtout les enfants. J’en pleurais tellement cela me faisait mal », raconte Djamel, né à Blida en Algérie et arrivé en France à 19 ans –il possède d’ailleurs les deux nationalités.
Puis un jour, il décide qu’il doit aller les défendre. « J’ai pris mon courage à deux mains, et je suis parti, tout seul, en Turquie », poursuit ce père de six enfants, grand-père d’un petit garçon. Il raconte ses mésaventures, en présence du chef de la prison qui ne semble pas comprendre le français.
Comme il ne connaît rien à la géographie, il confond Antalya, sur la côte turque, avec Antakya, point de passage pour la Syrie. Il prend alors un bus pour relier ces deux villes.
C’est là qu’il découvre, sur internet, l’existence d’un camp de réfugiés syriens dans le village de Yayanari, à une quinzaine de kilomètres de là. Il y subit un entraînement rudimentaire.
« On faisait surtout de la marche à pied et on tirait quelquefois avec un fusil de chasse ». Il y reste deux mois puis, fin mai, c’est le grand départ pour mener la guerre sainte.
La Turquie, qui a pris fait et cause pour la rébellion, laisse ouverte sa frontière à qui veut combattre le régime syrien. Damas a d’ailleurs accusé son voisin d’avoir laissé pénétrer des jihadistes de différentes nationalités.
« Une nuit, on m’a donné une kalachnikov et nous sommes entrés en territoire syrien », confie-t-il. Toutefois son exaltation retombe vite car en deux semaines, il change deux fois de village, mais il ne se passe rien, hormis le fait de courir vers la forêt à l’approche des hélicoptères.
Il ne retrouve pas les horreurs qu’il a vues à la télévision et voit s’évanouir son rêve d’être le protecteur du peuple. Désoeuvré, il passe ses journées à l’intérieur d’une maison. Peut-être en raison de son âge et de son manque d’expérience militaire, les membres de son groupe ne lui offrent même pas de les accompagner dans leurs missions nocturnes.
Amer et désemparé, il décide de regagner la Turquie puis la France. « J’ai rendu mon arme, pris mon sac à dos et j’ai quitté le groupe pour rejoindre seul la Turquie. C’est en chemin que j’ai été arrêté par des hommes armés habillés en civil et conduit en prison », ajoute-t-il.
Il est transféré le 2 juin dans le centre de détention de Damas, après avoir été détenu une dizaine de jours dans celui d’Alep. Selon le directeur de la prison, il devrait être présenté bientôt à la justice. Djamel dit qu’on l’accuse d’entrée illégale en Syrie en possession d’une arme. Il ignore la peine qu’il encourt car il n’a vu aucun avocat et le Comité international de la Croix Rouge (CICR) n’a jamais visité cette prison.
« Je n’ai pas dit grand chose à ma famille, juste au revoir. Je ne suis pas sûr qu’elle sache que je suis en prison, mais peut être savent-ils que je suis en Syrie », avoue-t-il.
« Je veux leur dire que je les embrasse très fort, qu’ils me manquent beaucoup », poursuit-il avant d’éclater en sanglots.
http://www.lanouvellerepublique.fr/Toute-zone/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2013/01/27/Syrie-les-tribulations-d-un-Francais-qui-voulait-combattre-pour-l-Islam
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gaïa pour www.Dreuz.info
Puis un jour, il décide qu’il doit aller les défendre. « J’ai pris mon courage à deux mains, et je suis parti, tout seul, en Turquie », poursuit ce père de six enfants, grand-père d’un petit garçon. Il raconte ses mésaventures, en présence du chef de la prison qui ne semble pas comprendre le français.
Comme il ne connaît rien à la géographie, il confond Antalya, sur la côte turque, avec Antakya, point de passage pour la Syrie. Il prend alors un bus pour relier ces deux villes.
C’est là qu’il découvre, sur internet, l’existence d’un camp de réfugiés syriens dans le village de Yayanari, à une quinzaine de kilomètres de là. Il y subit un entraînement rudimentaire.
« On faisait surtout de la marche à pied et on tirait quelquefois avec un fusil de chasse ». Il y reste deux mois puis, fin mai, c’est le grand départ pour mener la guerre sainte.
La Turquie, qui a pris fait et cause pour la rébellion, laisse ouverte sa frontière à qui veut combattre le régime syrien. Damas a d’ailleurs accusé son voisin d’avoir laissé pénétrer des jihadistes de différentes nationalités.
« Une nuit, on m’a donné une kalachnikov et nous sommes entrés en territoire syrien », confie-t-il. Toutefois son exaltation retombe vite car en deux semaines, il change deux fois de village, mais il ne se passe rien, hormis le fait de courir vers la forêt à l’approche des hélicoptères.
Il ne retrouve pas les horreurs qu’il a vues à la télévision et voit s’évanouir son rêve d’être le protecteur du peuple. Désoeuvré, il passe ses journées à l’intérieur d’une maison. Peut-être en raison de son âge et de son manque d’expérience militaire, les membres de son groupe ne lui offrent même pas de les accompagner dans leurs missions nocturnes.
Amer et désemparé, il décide de regagner la Turquie puis la France. « J’ai rendu mon arme, pris mon sac à dos et j’ai quitté le groupe pour rejoindre seul la Turquie. C’est en chemin que j’ai été arrêté par des hommes armés habillés en civil et conduit en prison », ajoute-t-il.
Il est transféré le 2 juin dans le centre de détention de Damas, après avoir été détenu une dizaine de jours dans celui d’Alep. Selon le directeur de la prison, il devrait être présenté bientôt à la justice. Djamel dit qu’on l’accuse d’entrée illégale en Syrie en possession d’une arme. Il ignore la peine qu’il encourt car il n’a vu aucun avocat et le Comité international de la Croix Rouge (CICR) n’a jamais visité cette prison.
« Je n’ai pas dit grand chose à ma famille, juste au revoir. Je ne suis pas sûr qu’elle sache que je suis en prison, mais peut être savent-ils que je suis en Syrie », avoue-t-il.
« Je veux leur dire que je les embrasse très fort, qu’ils me manquent beaucoup », poursuit-il avant d’éclater en sanglots.
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