Photo : AFP
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Savez-vous où se trouve Tataouine ? Il s’agit d’une ville située dans le sud-ouest de la Tunisie aussi surnommée la porte du désert. Elle a été fondée sous le protectorat français et a longtemps été un lieu de bagne. Comme on mettait beaucoup de temps à y parvenir, aller à Tataouine signifie mettre un temps fou pour se rendre quelque part. Comme il s’agissait d’un lieu de bagne dont une grande partie des condamnés ne revenait pas, un voyage à Tataouine équivaut bien à un envoi en enfer. Dans notre cas – cas de la démocratie française farcie en sauce socialiste – les deux acceptions de cette expression un peu oubliée sont de mise. D’un côté, parce que la France n’est pas arrivée de sitôt au stade manifestement laxiste où elle en est aujourd’hui, qu’elle a fait un sacré bout de chemin pour se hisser au sommet d’une démocratie qu’elle s’est elle-même inventée pour, en fin de compte, altérer les fondements de cette invention en les retournant contre soi. D’un autre côté, la France boite sous le poids de ses nouveaux engagements. Privée de son identité, elle suffoque. Elle n’est plus ce qu’elle était, ses bonnes intentions, affublées, jusqu’à un certain terme, d’un lyrisme révolutionnaire charmant, ont fini par la conduire en Enfer. Certains français, tel l’Abbé Guillaume de Tanoüarn, se retournent encore comme l’a fait Orphée, désireux de tirer Eurydice de la fournaise. Chaque fois alors la France devient si proche … avant de s’estomper une nouvelle fois, en nuage de brume dont sont habillés encore les vieux romans. Pourquoi tant de tristesse ? Et bien, chers auditeurs, souvenez-vous de Vierzon. De l’Eglise Saint-Eloi. Construite aux alentours de 1955, soit il n’y a qu’un demi-siècle, ce lieu de culte catholique est mis en vente … par son propre curé. Commercialisée comme n’importe quelle parcelle de terrain, dans un état tel que l’on pourrait se dispenser d’y effectuer des travaux, cette pauvre église, selon le P. Alain Krauth, serait tout à fait susceptible de se reconvertir en … mosquée. On croirait rêver ! Imaginez donc le contraire, ne serait-ce que dans un accès de délire passager : un imam vanterait les vertus de sa mosquée (capacité d’accueil, état actuel, acoustique …) pour la vendre le plus vite possible à une communauté chrétienne ! Impensable, n’est-ce pas ? Cette mise au défi, plus rhétorique que réelle, démontre avec éclat toute l’absurdité de ce qui se passe en France. « Et ce n’est qu’un début », peut-on lire dans certains commentaires postés sur le site de Le Monde. Pour mieux comprendre de quoi il en retourne et encadrer ces propos par une vision plus générale, peut-être, en un sens, plus professionnelle, je me suis adressée à la compétence de l’Abbé de Tanoüarn, patron d’émission avec M. Cahours d’Aspry à Radio Courtoisie.
La VDLR. Croyez-vous que l’on puisse vendre ou plutôt que l’on doive vendre une église pour la seule raison qu’elle accueille trop peu de paroissiens, que le nombre de messes qui s’y célèbre est jugé insuffisant ?
L’Abbé de Tanoüarn. Il y a effectivement, en France, beaucoup d’églises qui semblent un peu en déshérence. Le nombre de messes qui s’y célèbre peut paraître insuffisant – il n’est pas célébré de messes pendant un an, deux ans, parfois plus – et, évidemment, la question a été de se demander « mais qu’est-ce que nous faisons de ces églises ? » qui sont pourtant, du point de vue affectif et civilisationnel, comme des points de repères. En particulier, pour les français en France, le village français, c’est le village autour de l’église. Le Président François Mitterrand avait fait une campagne électorale autour de cette image du village français autour de son église, avec le slogan : « La force tranquille ». C’est tout un symbole. Alors il existe plusieurs conceptions : entre autres, on fait de l’église la maison du peuple, c’est ce qu’expliquait Nicolas Sarkozy dans un livre sur laRépublique, les religions, l’espérance: « L’Eglise est la maison du peuple, or le peuple a changé » … c’est-à-dire que dans un certain nombre de régions le peuple est de plus en plus musulman, par conséquent, il peut se réapproprier les églises pour d’autres fonctions et une autre religion que celle pour laquelle elles avaient été construites. Mais cela revient à faire fi du symbolisme fort de l’église et de sa véritable nature culturelle. Au fond, c’est faire fi de la civilisation que de raisonner en ces termes. Un pays qui fait fi de sa civilisation est un pays dont on ne peut pas donner très cher. La perspective de transformation des églises en mosquées, me semble-t-il, pour les chrétiens, comme pour ceux qui (…) sont respectueux de ce qu’est la France, est un fait en soi catastrophique.
La VDLR. Peut-on parler aujourd’hui d’une islamisation ambiante de la France ? Si oui, expliqueriez-vous ce phénomène par une augmentation constante du nombre d’athées, une exacerbation de la laïcité ou s’agirait-il de deux réalités parallèles sans lien entre elles ?
L’Abbé de Tanoüarn. Il y a effectivement en France aujourd’hui, en particulier dans un certain nombre de circonscriptions géographiques, quelque chose qui doit bien ressembler à une islamisation. On peut constater que les jeunes qui sont français de souche ont à ce moment-là honte d’êtres différents et de revendiquer une différence quelconque. Donc, ils ne mangeront pas de porc, donc, ils feront le Ramadan comme les autres etc. Il y a certes cette difficulté qui existe. Il y a, d’autre part, le fait que la France est le pays dans lequel il y a le plus d’athées au monde … je crois que nous sommes recordmans du monde avec la Tchéquie pour ce triste record … On peut se demander pourquoi il y autant d’athées. Au fond, il y a deus problèmes qui s’additionnent et qui créent des athées en masse, une désaffection pour le christianisme. Le premier, naturellement, c’est la société de consommation. Pourtant, dans d’autres grands pays, comme les USA, la société de consommation ne s’attaque pas vraiment au christianisme. Le deuxième, c’est l’idéologie laique qui interdit à la religion l’espace public, cela, d’une manière absolue. Pratiquement, parler de religion dans l’espace public, cela devient la dernière obscénité reconnue. Pourtant, il n’y a plus aucune forme d’obscénité aujourd’hui et que tout est permis, que tout est possible. Donc, je crois que cette puissance du laïcisme joue son rôle et que, d’une manière très étonnante, la laïcité semble parfois islamocompatible. Il y a de sombres alliances entre les partisans de la laïcité et les tenants de l’islam. Au contraire, il n’y a aucune ouverture des laïcs vers le christianisme, ce qui est absurde. Je crois qu’un véritable laïc aujourd’hui doit comprendre que la laïcité a plus affaire avec le christianisme et la distinction des pouvoirs spirituels et temporels qu’avec l’islam qui confond tous les pouvoirs et qui veut nous faire rétrograder à un monde médiéval dans lequel il n’y a pas de liberté religieuse.
La VDLR. L’avenir du christianisme, ne tient-il pas au rapprochement des églises orthodoxe et catholique ?
L’Abbé de Tanoüarn. Je crois que la Russie nous donne le témoignage d’une nouvelle évangélisation qui n’est pas seulement verbale et qui est un phénomène magnifiquement réussi. J’en ai parlé avec le Père Siniakov à Paris qui me disait fièrement qu’il y avait mille séminaristes dans le diocèse de Moscou. Il est évident que s’il y avait mille séminaristes dans le diocèse de Paris, ça changerait bien l’atmosphère. Donc, je crois que l’orthodoxie qui est restée profondément fidèle à ses sources malgré des vicissitudes historiques terribles et en particulier à travers les soixante-dix ans de la révolution bolchevique, a beaucoup à apprendre aux catholiques français, non pas pour que ces catholiques abandonnent leur propre tradition, mais pour qu’ils la retrouvent, pour que s’effectue le seul véritable œcuménisme qui fonctionne, c’est-à-dire un œcuménisme de la tradition chrétienne Parce que la source est indivisible, parce que la source est unique et que c’est donc en revenant, les uns vers les autres, à nos sources intérieures, qu’on retrouvera notre unité.
Tel est pris qui croyait prendre. Se débarrassant d’un patron, d’une idéologie, d’une idée-phare, on en acquiert d’autres, souvent bien plus totalitaires et insupportables à vivre. C’est bien cette réalité immuable, apodictique, je dirais, qui transparaît à travers les réponses de M. l’Abbé. Heureusement qu’il existe encore des gens clairvoyants qui n’ont pas peur d’appeler un chat « un chat », par exemple, les animateurs de Radio Courtoisie qui, le 27 octobre, auront le plaisir de vous présenter leur colloque franco-russe où, entre autres, l’Abbé de Tanoüarn exposera son point de vue sur l’œcuménisme.
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La rédaction