dimanche 8 avril 2012

Le Bilan d’Obama

Le Bilan d’Obama:



Par William BLUM






L’oeuvre d’Obama







Le mois dernier, Alan S. Hoffman, un professeur américain de l’université de Washington à St Louis, a été empêché par le Département du Trésor US de se rendre à Cuba pour donner des cours sur les biomatériaux. (7)





Dans le même temps, le Département d’État a refusé d’accorder à deux diplomates cubains basés à Washington la permission de voyager à New York pour prendre la parole au Forum de la Gauche, le plus grand rassemblement de la gauche aux États-Unis qui cette année à attiré plus de 5000 participants. (8)





Le Département d’État a aussi été occupé récemment à empêcher la participation de Cuba au Sommet des Amériques qui se tiendra en Colombie au mois d’avril. (9)





Et tout ceci, au cours du mois écoulé seulement.





Si j’en parle, c’est pour le garder à l’esprit lorsque la prochaine fois le Président Obama ou un de ses partisans parlera de l’amélioration des relations entre les États-Unis et Cuba comme partie de son bilan.





Moi-même je ne peux pas me rendre légalement à Cuba.





Une autre affirmation que les Obamaniaques aiment répéter pour défendre leur idole est qu’il aurait aboli la torture. C’est rassurant, mais il n’y pas de raison pour les croire sur parole. Peu après l’entrée de fonction d’Obama, lui et Leon Panetta, le nouveau directeur de la CIA, ont explicitement déclaré que les « redditions » se poursuivraient. Selon le Los Angeles Times : « d’après un décret présidentiel (executive order) d’Obama publié récemment, la CIA a toujours le droit d’effectuer des “redditions”, des enlèvements secrets et des transferts de prisonniers vers des pays qui coopèrent avec les États unis » (10)





Par « coopération », entendez « torture ». « Rendition » équivaut à torture. Il n’y a pas d’autre raison pour expédier des prisonniers en Lituanie, en Pologne, en Roumanie, en Égypte, en Jordanie, au Kenya, en Somalie, au Kosovo, ou sur l’île de Diego Garcia dans l’Océan Indien, pour ne citer que quelques-uns des centres de torture connus et fréquentés par nos braves. Au Kosovo et à Diego Garcia — qui accueillent tous deux de très grandes et très secrètes bases militaires US – il est probable que les affaires de torturent continuent. De même à Guantanamo. De plus, le décret présidentiel relatif à la torture, émis le 22 janvier 2009 – numéro 13491, garantissant la légalité des interrogatoires – est ambigu, par exemple il est stipulé qu’il s’applique uniquement dans le contexte de « tout conflit armé ». Par conséquent, la torture hors d’un contexte de « conflit armé », ce qui est d’ailleurs le cas pour la plupart des tortures dans le monde, ne serait pas interdite. Et qu’en est-il de la torture dans le cadre de la « lutte contre le terrorisme »?







Un des décrets d’Obama exige que la CIA n’utilise que les méthodes d’interrogatoire décrites dans le manuel « Army Field Manual ». Cependant, en se basant sur ce manuel, sont toujours autorisés l’enfermement en isolement, les privations sensorielles, les privations de sommeil, l’usage de drogues qui provoquent la peur, le désespoir et altèrent les pensées, les manipulations d’environnement telles que la température et éventuellement le bruit, et des positions de stress et de surcharge sensoriels.





Après que Panetta ait été interrogé par le Sénat, le New York Times a écrit qu’il avait « laissé la possibilité à l’agence de demander l’autorisation de recourir à des méthodes d’interrogation plus agressives que celles contenues dans le menu autorisé par le Président Obama »... M. Panetta a dit aussi que l’agence poursuivra les pratiques de « reddition » de l’administration Bush – l’enlèvement de suspects et leur expédition vers un pays tiers. Mais il a dit que l’agence refuserait de livrer un suspect à un pays connu pour appliquer la torture ou d’autres actions qui seraient « contraires à nos valeurs humaines ». (11)





Absolument personne des administrations Bush ou Obama n’a été puni pour crimes de guerre en Irak, Afghanistan et ailleurs où des guerres illégales ont été lancées, et personne n’a été puni non plus pour torture. Et on pourrait ajouter qu’aucun bankster américain n’a été puni pour son rôle incontournable dans la torture des finances mondiales. L’Amérique a décidément le pardon facile. Sauf en ce qui concerne Julian Assange et Bradley Manning.





Au cours des derniers jours de Bush à la Maison Blanche, Michael Ratner, professeur à Columbia Law School et ancien président du Centre pour les Droits Constitutionnels, faisait remarquer :





La seule manière pour éviter que cela ne se reproduise est de punir les responsables du programme de torture. Je ne vois pas comment nous pourrions retrouver notre statut moral en autorisant ceux qui ont été directement impliqués dans les programmes de torture de simplement s’en tirer à bon compte et de continuer à mener leurs vies sans avoir de comptes à rendre. (12)





J’aimerais à présent rappeler à mes chers lecteurs les termes de la « Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », rédigés par les Nations Unies en 1984, entrée en vigueur en 1987, et ratifiée par les États-Unis en 1994. L’article 2 de la Convention stipule : « Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture. » http://www.hrea.org





Des termes merveilleusement clairs et sans équivoques destinés à poser les bases d’un principe universel dans un monde qui nous fait de plus en plus honte. Nous ne pouvons revenir en arrière.





 Notes


7. Prensa Latina (Cuba), March 18, 2012


8. See the video description on Cuba’s UN Ambassador at Left Forum ’12


9. BBC News, "Ecuador to boycott Americas summit over Cuba exclusion", April 3, 2012


10. Los Angeles Times, February 1, 2009


11. New York Times, February 6, 2009


12. Associated Press, November 17, 2008






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