dimanche 8 avril 2012

Interpellations d’islamistes en France : une "opération électoraliste et médiatique"

Interpellations d’islamistes en France : une "opération électoraliste et médiatique": L’interpellation d’islamistes en France, dans la foulée de l’élimination du "tueur au scooter" Mohamed Merah, présumé assassin de sept personnes à Toulouse et Montauban en mars dernier, est assimilée par une partie de la classe politique et des magistrats à une opération électoraliste et à un coup médiatique en faveur du président-candidat, Nicolas Sarkozy.

Interpellations d’islamistes en France : une


La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, s’est interrogée pourquoi ces hommes jugés radicaux n’ont pas été arrêtés plus tôt, même si elle ne contredit pas une telle opération. "Si ces hommes islamistes radicaux sont dangereux, il faut évidemment les arrêter et les poursuivre, mais peut-être aurait-il fallu le faire plus tôt et c’est étonnant que ce soit juste après l’affaire Merah", a-t-elle dit. Elle a jugé "choquant" de voir que les télévisions sont là au moment des arrestations.





Lui emboîtant le pas, le candidat du Modem (centriste) à la présidentielle, François Bayrou, a lui aussi juge étonnant que cela se déroule "devant les journalistes convoqués".





"Que l’Etat assume sa responsabilité en mettant sous contrôle ou en interdisant des rassemblements ou bandes qui seraient soupçonnées, c’est bien", a-t-il dit. Mais "que ça se fasse devant les journalistes convoqués, les caméras, je trouve ça plus étonnant", a-t-il ajouté. "Les interventions policières de cet ordre, sous le contrôle de la justice, ne devraient pas se faire, me semble-t-il, sous forme publicitaire, mise en scène , a-t-il poursuivi.





Clémentine Autain, porte-parole du candidat du Front de gauche (FG) à la présidentielle, a, de son côté, mis en garde contre une possible manipulation "de la droite". "Je suis obligée de m’étonner du contexte... S’il y avait des islamistes dangereux auparavant, il aurait fallu évidemment les arrêter", a-t-elle dit. Elle a également appelé à "faire très attention... Il ne faut pas amalgamer et être dupes de la manip de la droite sur le sujet".





La première représentante du candidat du FG a rappelé un rapport d’Europol qui mentionnait qu’en 2011 il y a eu 84 actes qualifiés de terroristes en France et il n’y en a pas un qui se soit réclamé d’une façon ou d’une autre de l’Islam.





Dix personnes ont été interpellées mercredi dans le cadre d’un nouveau coup de filet mené dans les milieux islamistes radicaux dans plusieurs villes de France, moins d’une semaine après l’interpellation de membres du groupe salafiste Forsane Alizza.





Auparavant, le gouvernement français a ordonné l’expulsion de trois imams jugés radicaux et deux militants islamistes étrangers, et annoncé qu’un militant islamiste et un imam feront "prochainement" l’objet d’une procédure d’expulsion.





Le Syndicat de la magistrature a accusé le président Sarkozy d’"instrumentaliser" l’affaire des islamistes radicaux de Forsane Alizza. Il a aussi apporté son soutien au juge lyonnais en poste au Tribunal de grande instance que certains (des islamistes présumés) auraient projeté d’enlever, affirmant "n’accepter aucune récupération politique (...) de cette affaire déjà instrumentalisée par le président-candidat".





"Dès vendredi, s’érigeant en autorité judiciaire, il (Sarkozy) annonçait en effet les résultats des perquisitions sur les ondes, pour s’en attribuer le bénéfice, et promettait de nouvelles opérations sans avoir la moindre légitimité pour ce faire", a déploré le Syndicat.





Un sociologue spécialiste du salafisme, Samir Amghar, a évoqué, pour sa part, la "portée électoraliste" de l’expulsion de trois imams radicaux. Pour lui, c’est une manière de "faire oublier les défaillances de la lutte des services français dans l’affaire Merah".





"Je suis surpris que le ministre (de l’Intérieur) sorte ainsi des noms du placard quelques semaines après les attentats de Toulouse et juste avant l’élection présidentielle. Il est évident que les imams ciblés devaient faire l’objet d’une surveillance plus ancienne. J’aurais d’ailleurs aimé que Claude Guéant spécifie à quel moment et dans quel contexte les propos incriminés ont été tenus", par ces religieux dont les prêches sont "soudainement" assimilés à des incendiaires, a-t-il dit.





L’universitaire a relevé que c’est la "première fois qu’on met ainsi sur la place publique le nom des personnes expulsées". L’objectif, selon lui, c’est de montrer que Nicolas Sarkozy a lutté efficacement contre le terrorisme islamique.




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